Addictions (3ème partie)

Après des propos généraux sur les addictions (numéro de mars), un exposé sur les drogues, le tabac et la chicha (numéro de septembre), nous abordons la question du cannabis et de son rapport à la loi, de l’addiction à l’alcool, de l’utilisation problématique d’Internet, du portable et des jeux vidéo ; nous aborderons enfin l’addiction à la pornographie, plus précisément au « cybersexe ».

 

QUID DU CANNABIS ?

Dix-sept millions de français y ont goûté ; la moitié n’en a jamais repris. Quarante-huit millions n’en ont jamais consommé. On estime qu’il y a quatre millions de consommateurs réguliers. La consommation du cannabis commence parfois en classe de … 5e !

Le comportement observable qui indique une consommation de cannabis : multiples passages à l’infirmerie, repli sur soi, négligence dans le travail scolaire ou autre, baisse de l’intérêt et baisse des résultats, somnolence sur le lieu de travail, troubles du comportement : hilarité et agressivité.

Bon à savoir :

  • pour la marijuana, nom de l’herbe du cannabis, les concentrations de delta-9-tétrahydrocannabinol («THC»), principal constituant psychoactif du cannabis, ont augmenté chaque année régulièrement, passant de 5% en 2006 à 10% en 2016,
  • pour la résine de cannabis (ou haschich), les concentrations en THC, qui étaient relativement stables de 2006 à 2011 (de 8% à 10%), ont rapidement augmenté de 2011 à 2016 (de 10% à 17%).

Le cannabis consomme sept fois plus de monoxyde de carbone que le tabac ; fumer un joint est aussi nocif que fumer cinq cigarettes. Le cannabis améliore le circuit de la dopamine ; la dopamine est le neurotransmetteur du plaisir.

 

MAIS au fur et à mesure de la prise de joints, le cerveau fabrique moins de dopamine (on « monte » moins haut, on « descend » plus bas) ; au bout d’un moment, le consommateur démarre de très bas (sous la ligne horizontale), il est seul, en phase déprimée, il a besoin du produit, vite, et plus souvent… Et il rentre insensiblement dans un cercle vicieux bien dangereux : il faut se procurer de l’argent (en voler peut-être) …, trouver un vendeur (sur qui va-t-il tomber, sur quelle « mafia » ?) …, acheter un produit à la qualité incertaine…, risquer des interpellations de la police…, se cacher de sa famille…, bref : VIVRE L’ENFER !

Le cannabis et ce que dit la loi…

En théorie, la loi prévoit entre un an ferme et 3 750 € d’amende pour un seul joint et jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende, si vous vendez ou donnez du cannabis.

L’ALCOOL

L’addiction à l’alcool ou « alcoolo-dépendance » est définie par un besoin, une nécessité de boire qui peut cohabiter avec l’envie d’arrêter ou de reprendre le contrôle de sa consommation.

Comment s’installe la dépendance ?

La dépendance à l’alcool s’installe souvent de manière insidieuse. Cela peut prendre des années avant que la personne qui boit ou son entourage prenne réellement conscience de son existence ; dans un premier temps, les effets euphorisants et relaxants de l’alcool sont recherchés par la personne sans qu’elle en soit toujours consciente. Elle y trouve un réconfort qui lui permet de relâcher la pression face à des difficultés, « d’oublier » ses problèmes ou de combler des moments de vide. L’alcool devient ainsi une « solution », difficile à remettre en question.

Quand l’alcool devient un besoin. À plus ou moins long terme, l’alcool prend le dessus et la personne devient dépendante. Tout d’abord, elle s’habitue à l’alcool et développe une tolérance. Cela signifie qu’elle doit boire des quantités plus importantes d’alcool pour ressentir les effets qu’elle recherche. Il vient ensuite un moment où elle ne boit plus pour ce que lui procure l’alcool mais parce que cela devient une nécessité.

La dépendance se traduit par le ressenti du manque, qui faute d’une nouvelle prise d’alcool, peut induire un syndrome de sevrage. Des symptômes dits de sevrage apparaissent : anxiété, tremblements, sueurs, agitation, tachycardie, fièvre et, dans les cas les plus graves, crise d’épilepsie et delirium tremens qui peuvent être mortelles.

L’alcool est devenu l’un des piliers de la vie de la personne dépendante ; il lui est difficile d’envisager de vivre sans. Lorsqu’elle arrête, elle est fragilisée par l’absence de cette béquille et elle doit affronter des difficultés que l’alcool permettait d’occulter ; c’est la raison pour laquelle une personne alcoolo-dépendante doit le plus souvent être aidée pour réussir à arrêter.

Cette consommation ponctuelle qui ne s’inscrit pas dans le quotidien peut sembler anodine. Toutefois elle peut être le signe d’une difficulté avec l’alcool quand :

  • la consommation d’alcool devient indissociable de tout évènement festif,
  • les occasions de boire se multiplient,
  • l’ivresse est recherchée à chaque occasion,
  • limiter sa consommation devient impossible, entraînant systématiquement une perte de contrôle.

Qu’est-ce que le « binge drinking » ?

Certaines personnes recherchent une ivresse très rapide en buvant des quantités importantes d’alcool en un minimum de temps. C’est ce qu’on appelle le binge drinking. Cet usage est particulièrement dangereux chez les adolescents car il a un impact à long terme sur le développement de leur cerveau et sur leurs capacités d’apprentissage.

INTERNET, PORTABLE

Ce que vous devez savoir

Internet n’est pas un ennemi. C’est plutôt l’utilisation imprudente d’Internet qui est source d’ennuis :

  • certains passent trop de temps en ligne. « J’allume l’ordinateur pour jeter un coup d’œil sur mes e-mails et au final, je regarde des vidéos pendant des heures, confie une jeune fille de 19 ans. Il faut vraiment que j’apprenne à me maîtriser !» ;
  • les ados peuvent en dire trop. En croisant les informations qu’un adolescent publie (messages, photos, etc.), des personnes malintentionnées peuvent connaître son adresse, celle de son école et les heures où il est seul chez lui ;
  • des jeunes n’ont pas conscience que ce qu’ils publient peut avoir des conséquences. Ce qui est mis en ligne reste en ligne et ce, même si l’historique est effacé ! Il arrive que des photos et des messages compromettants refassent surface plus tard : par exemple, quand un patron se renseigne sur le parcours d’un demandeur d’emploi.

 

LES JEUX VIDÉOS (et réseaux sociaux)

26% des 18-22 ans passent plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux, 16% affirment passer cinq heures par jour à jouer aux jeux-vidéos…

La question de la reconnaissance de l’addiction aux jeux vidéo comme maladie divise les experts : doit-on parler d’addiction, de dépendance, ou de pratiques excessives ? Personne n’est d’accord. Pourtant, l’OMS semble avoir tranché. Elle vient de publier le 19 juin 2018 sa onzième « classification internationale des maladies » (la précédente datait de 1990), qui inclut l’addiction aux jeux vidéo comme une maladie.

Comment définir l’addiction aux jeux vidéo ?

Qu’elle soit sur console ou mobile, hors ligne ou en ligne, l’addiction aux jeux vidéo peut être définie par certains comportements :

  • altération du contrôle face au jeu (fréquence, intensité, durée, contexte, début, fin),
  • priorité accrue du jeu sur les autres intérêts dans la vie et les activités quotidiennes, et désocialisation,
  • poursuite ou escalade du jeu malgré les conséquences négatives qu’il peut engendrer.

Ce type de comportements peut ainsi entraîner des problèmes personnels, familiaux, sociaux, éducatifs, professionnels, financiers, …

 

ADDICT A LA PORNOGRAPHIE ?

Internet donne accès à des sites pornographiques souvent gratuits dont la fréquentation plus ou moins régulière peut devenir un véritable enfer. Des utilisateurs passent environ douze heures par semaine sur des sites à caractère sexuel et y développent une tolérance et un désir sans cesse accrus. Ils en viennent à négliger leurs occupations normales et sont dominés par leurs pulsions.

Les nombreuses heures consacrées au cybersexe limitent les contacts sociaux et ne permettent plus d’établir de relations saines avec autrui et notamment avec le compagnon de vie.

Que l’on soit cybersex-addict ou sex-addict, la dépendance pornographique risque d’entraîner d’importantes conséquences ; au-delà de la honte et de la culpabilité ressenties face à leur impuissance à contrôler leur comportement, les hyperactifs sexuels assistent sans pouvoir réagir aux dégâts causés par leur pathologie : auto-dévalorisation, négligence ou harcèlement du partenaire, divorce, accumulation de dettes, infections sexuellement transmissibles, perte d’emploi, risque de développer d’autres dépendances (drogues, alcool)…

 

Dans une dernière partie, nous vous communiquerons quelques suggestions pour sortir de ces divers « enfer-mements », en vue d’un autre style de vie et de vrais plaisirs à consommer, eux, sans modération !

En attendant, continuez à écrire à l’adresse mail du journal :echosmeulan@orange.fr

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