Colette

La vie de Colette, placée sous le signe de la liberté et des aventures intimes, littéraires, journalistiques et artistiques, est passionnante. Du music-hall à l’Académie Goncourt, les identités multiples de Colette continuent de nous fasciner.

Dernière-née d’une famille de quatre enfants, Sidonie Gabrielle voit le jour le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, gros village de Bourgogne, qu’elle n’aura de cesse d’évoquer dans la plupart de ses romans. Elle passe une enfance heureuse dans sa maison natale auprès de son père Jules-Joseph, percepteur, et de sa mère Sidonie surnommée « Sido », athée et féministe. Elle lit très tôt les grands classiques de la littérature. Adolescente, Gabrielle rencontre Henry Gauthier-Villars surnommé Willy qu’elle épouse à 20 ans. Critique musical très influent menant une vie mondaine brillante, il introduit sa jeune femme dans les cercles littéraires et musicaux de la capitale.

Ses débuts

Loin de ses racines, Colette se met à raconter son enfance à Willy qui lui conseille de les écrire en devenant « prête-plume» de son mari. C’est ainsi qu’est née la collection des « Claudine », tous issus de l’imagination de Colette mais signés par Willy. Entre les tromperies de son mari et l’utilisation abusive de son talent, elle décide de publier son premier livre « Dialogues de bêtes » en 1905 sous le nom de Colette Willy, patronyme qu’elle gardera jusqu’en 1923.

Ses époux, sa fille, ses relations, …

Après son divorce d’avec Willy en 1905, elle entame plusieurs liaisons avec des femmes dont la célèbre Mathilde de Morny, surnommée Missy, fille du duc de Morny. Elle profite de ses années de libérté pour publier plusieurs ouvrages. De 1906 à 1912, elle entame une carrière au music-hall en présentant des pantomimes orientales dans des tenues très osées pour l’époque et se produit sur les scènes de France et d’Europe. Ce sont des années de scandales et ses spectacles sont interdits la plupart du temps.

En 1912, elle rencontre son second mari, Henri de Jouvenel, homme politique et journaliste. De cette union, naît sa fille unique : Colette Renée dite « Bel-Gazou » (beau gazouillis » en provençal). A plus de 40 ans alors que son mari la trompe, elle devient la maîtresse de Bertrand, son beau-fils de 17 ans. Cette relation qui dura cinq années a inspiré son célèbre roman « Le Blé en herbe ». Les époux divorcent en 1923. Deux ans plus tard, elle fait la connaissance de son troisième et dernier conjoint : l’homme d’affaires et journaliste Maurice Goudeket de seize ans son cadet.

Vers la consécration

Se rendant souvent à Bruxelles où « Sido » vécut de nombreuses années, Colette, malgré les reproches de sa vie tumultueuse, est élue à l’Académie de langue et de littérature françaises de Belgique, décision approuvée par le roi Léopold III. La reine Elisabeth, mère du souverain et nièce de l’impératrice d’Autriche « Sissi », la rencontrera souvent et lui rendra visite à Paris lorsque Colette aura des difficultés à se déplacer à cause de sa maladie. En 1945, elle est élue à l’unanimité à l’Académie Goncourt et grand privilège, en devient la première femme présidente en 1949. Elle est l’écrivaine du XXème siècle la plus photographiée et jouera son propre rôle dans un documentaire. En 1953, elle est élevée à la dignité de grand-officier de l’ordre national de la Légion d’honneur.

Sa disparition

A la fin de sa vie, Colette souffre de polyarthrite. Très affaiblie, elle passe ses derniers jours auprès de son mari et continue à écrire pour les journaux. Elle s’éteint le 3 août 1954 dans son appartement parisien. Sa célébrité est telle que la France décide de l’honorer : Colette est la première femme à laquelle la République accorde des obsèques nationales, mais l’église Saint-Roch refuse des obsèques religieuses à celle qui avait répandu autour d’elle un parfum de scandale et, motif officiel, était deux fois divorcée. Elle est inhumée au Père-Lachaise où sa fille la rejoindra en 1981.

Que nous reste-il de Colette ?

Tout d’abord, son œuvre littéraire le plus souvent autobiographique, sa passion pour les chats, son comportement scandaleux à certaines périodes de sa vie et puis sa maison natale. Grâce aux récits de l’écrivaine, cette grande bâtisse bourgeoise a été rénovée avec un souci de précision et une précaution historique par la « Société des amis de Colette » créée en 1956. Papiers peints refaits à l’identique, meubles, objets, … et dans le jardin, les mêmes plantes et roses qu’elle a si bien décrites.

« En parcourant sa maison si magnifiquement restaurée, il me semble entendre sa voix… » Bernard Pivot, président de l’Académie Goncourt.

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