Des agneaux et des œufs à Pâques

Autour de la fête de Pâques qui commémore la résurrection du Christ, nous trouvons beaucoup de symboles, de traditions et de légendes … Mais avant d’en faire un petit tour, rappelons-nous que cette fête, la plus ancienne fête religieuse, doit son nom au mot hébreu paschah qui signifie « passage », rappelant ainsi la sortie d’Egypte et le passage de la mer Rouge (livre de l’Exode), après que les Juifs eurent mangé l’agneau, le bâton à la main.

Alors, manger de l’agneau à Pâques reste une tradition qui passa de la religion juive à la religion catholique. Le livre de l’Exode au chapitre 12 verset 9 précise : « Vous n’en mangerez aucun morceau qui soit à moitié cuit ou qui soit bouilli ; tout sera rôti au feu, y compris la tête, les jarrets et les entrailles. »

Jusqu’au XVIème siècle, on apportait dans les églises des agneaux tout rôtis que le prêtre bénissait et qui servaient de plat de résistance le jour de Pâques. Alexandre Dumas dans son « Grand Dictionnaire de cuisine » explique que « l’habitude de servir un agneau entier le jour de Pâques s’est conservée en France jusque sous Louis XIV et même Louis XV ». Il y décrit aussi la recette de la « Pascaline d’agneau à la royale » venue « directement des agapes des premiers chrétiens ».

Œufs, lapins, cloches… D’où viennent ces traditions ?

Dans « Les fêtes légendaires » paru en 1866, Amédée de Ponthieu a consigné de multiples légendes et anecdotes autour des fêtes et voici ce qu’il écrit à propos des œufs de Pâques : « L’opinion généralement admise rattache l’origine de la coutume des œufs de Pâques à l’établissement du carême. Dès le IVème siècle, l’église ayant interdit l’usage des œufs pendant la longue période de pénitence des quarante jours qui était alors rigoureusement observée, une grande quantité d’œufs se trouvant entassée dans les provisions du ménage, le moyen le plus expéditif de s’en débarrasser était de les donner aux enfants. On en fit même l’objet d’un cadeau amusant en les teignant ou en les entourant de figurines et de devises… »

Dans les premiers temps, ils furent le plus souvent teints en rouge… mais pourquoi ? Bien sûr beaucoup d’entre vous penseront à juste raison que cette couleur est liée au sang du Christ, peut-être aussi au fait que la teinture en rouge est la plus facile à fabriquer ou alors à cause de la légende suivante : …lors d’une visite dans un monastère grec accompagné par un bon moine « un dernier tableau me fit hésiter. J’apercevais bien un personnage présentant le type traditionnel de saint Pierre. En face de lui, une femme tenait à deux mains un tablier relevé et l’ouvrait pour montrer au prince des apôtres un objet que je ne distinguais pas dans la demi-obscurité de l’église.

– Et celui-ci, demandai-je, que représente-t-il ? – Comment ! tu ne le connais-pas ? – Non ! – Tu ne vois pas que c’est sainte Madeleine montrant à saint Pierre ses œufs rouges ? – Quels œufs rouges ? – Tu ne sais donc pas que saint Pierre, allant en hâte au tombeau, se croisa avec sainte Madeleine qui en revenait ? – Certes si, je sais cela… Mais les œufs ? – Alors, tu sais que sainte Madeleine dit à saint Pierre que le Christ était ressuscité ?… Mais que répondit-il ?… Il répondit (car tu sais qu’il était incrédule), il répondit qu’il croirait cela quand les œufs de poule seraient rouges. Or, la sainte femme portait des œufs dans son tablier. Madeleine ouvrit donc son tablier : les œufs étaient devenus rouges et saint Pierre fut forcé de croire à la résurrection. Voilà, conclut le révérend Père, pourquoi à Pâques, on fait des œufs rouges. »

L’œuf de Pâques a donné naissance à nombreuses coutumes : les Églises orthodoxes russe, grecque, roumaine distribuent depuis le Vème siècle, des œufs teints lors de la célébration pascale ; en occident, la tradition chrétienne des œufs remonte aux XIIème et XIIIème siècles.

À la cour d’Angleterre et de France, les rois offraient des œufs décorés, parfois à la feuille d’or, à leurs courtisans. La surprise contenue dans l’œuf est une tradition qui remonte au XVIème siècle et certaines d’entre elles sont même passées à l’histoire tant elles étaient exceptionnelles : c’est le cas de la statuette de Cupidon renfermée dans un énorme œuf de Pâques offert par Louis XV à Madame du Barry.

En 1884, Pierre-Karl Fabergé fabriqua un œuf de Pâques commandé par le tsar Alexandre III pour son épouse bien-aimée, la tsarine Maria. Au total, il en aura réalisé cinquante et ceux-ci sont encore aujourd’hui considérés comme des chefs-d’œuvre de joaillerie.

Mais qui apporte ces œufs ?

Vers le VIIème siècle, l’Église interdit de sonner les cloches entre le Jeudi saint et le jour de Pâques : les cloches restent donc muettes lors de la mort du Christ jusqu’au jour de sa résurrection.

La légende veut que, le soir du Jeudi saint, les cloches partent à Rome et carillonnent le matin de Pâques pour annoncer la résurrection du Christ. Dans les pays catholiques, ce sont donc les cloches de Pâques qui ramènent les œufs depuis Rome. Dans les pays germaniques et nordiques, c’est le lièvre ou le lapin qui les dépose dans les jardins. Il était l’animal emblématique de la déesse Astre que les Saxons honoraient au printemps et de la déesse de la fertilité et du printemps Ostara en pays germanique. Elle a donné son nom à Easter, Ostern (Pâques en anglais et en allemand) et est resté associée aux fêtes de Pâques. Au Tyrol, c’est la poule qui apporte les œufs, c’est le coucou en Suisse.

La tradition nous a aussi laissé quelques expressions connues au sujet de la météo et une autre qui nous rappelle que c’est le temps de « faire ses pâques ! »

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