Editorial de février 2016 : au nom de la liberté d’expression

L’interview de ce mois, consacrée aux bibliothécaires de Juziers, évoque l’écriture, la lecture, et le dessin en ce qui concerne les BD. Cela m’incite à vous proposer quelques réflexions, sur la liberté d’expression. En effet, les événements violents de janvier 2015, touchant en particulier des caricaturistes et les commémorations 2016 de ce triste anniversaire, ont remis sur le devant de la scène la question de la liberté de parole, d’écriture et du dessin caricatural. Le premier réflexe est bien entendu de défendre toute liberté d’expression, mais je vous propose l’éclairage d’un philosophe hédoniste (1) et du pape François, pour approfondir  cette réflexion.

Tout d’abord, le philosophe  Michel Onfray, qui récemment s’exprimait dans un hebdomadaire national : « Depuis mon traité d’athéologie (2), on pense que je suis anticlérical mais ce n’est pas le cas ; j’invite à la réflexion et j’invite au débat. Je n’aime pas le blasphème, par exemple. Tout le monde a des choses sacrées, que ce soit Dieu ou la montre de son père. On peut rire du sacré d’un autre, mais on ne peut pas humilier l’autre pour son sacré. Le sacré est subjectif mais aussi respectable ». En ce qui concerne le pape François,  il s’est exprimé  sur la liberté d’expression en ces termes : « La liberté d’expression est un « droit fondamental », mais elle n’autorise pas à insulter la foi d’autrui. Ceux qui font « un jouet de la religion des autres » sont des provocateurs ».                   .                                                                                                                     D’une manière plus générale,  l’article 4 des droits de l’homme et des citoyens de 1789 d’où a été tirée la citation « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » illustre également les indispensables limites à la liberté d’expression. Bien entendu, nous sommes probablement tous d’accord pour dire que nous devons être capable d’apprécier l’humour et la dérision, même si parfois elle est à notre dépend.

En cette période où nous évoquons les vœux des maires de notre secteur, j’exprime le vœu que le respect des autres, la meilleure « arme » contre la haine source de violence, redevienne une valeur  universelle.                                                                                           

Yves Maretheu, rédacteur en chef              

(1)               Hédonisme :   système philosophique qui fait du plaisir le but de la vie.

(2)               Michel Onfray s’est en particulier soucié de formuler une éthique moderne athée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *