Evelyne Morin, Thierry Paillard et Jean-Claude Boulan, membres de l’association AVRIL ( Association Vauxoise de Recherches et d’Initiatives Locales)

Vous connaissez sans doute l’association AVRIL. Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de vous rapporter quelques-unes de ses nombreuses activités ; pour mieux la connaître, nous avons rencontré trois de ses membres. Avec eux, je vous invite à plonger dans le passé et le patrimoine de Vaux, une histoire passionnante que nous content trois … passionnés.

 

Bonjour Evelyne, Thierry, Jean-Claude ; tout d’abord, merci de nous recevoir. Vous le savez, votre association fait l’unanimité auprès des Vauxois. Pouvez-vous raconter à nos lecteurs comment elle est née ?

Thierry Paillard (TP) : elle a été créée en novembre 1994 à l’initiative de plusieurs personnes dont Helena Havlicek, Bertrand Le Goaec et Jacqueline Touchard. A cette époque, l’objectif était de préparer une exposition présentant les anciens métiers liés à notre chère commune de Vaux. Il faut dire que dans la décennie 1990 notre ville a accueilli de nouveaux habitants et certains semblaient curieux de mieux connaître, voire découvrir, le passé du village.

Jean-Claude Boulan (JCB) : plusieurs d’entre nous, qui participaient à la préparation de cette exposition, ont alors pensé qu’il serait intéressant de se former en association ; un nom a été choisi, AVRIL ; vous en connaissez la signification, elle représente assez bien nos objectifs. On peut les résumer ainsi : recueillir les témoignages des Vauxois de longue date, valoriser « l’âme » de Vaux, développer un sentiment d’appartenance à notre ville, faire participer un maximum de Vauxois et d’associations autour des projets, permettre la reconnaissance des talents et enfin intéresser les enfants de la commune en les impliquant dans son histoire, un beau programme, non ?

C’est donc la préparation de cette exposition relative à la vie et les métiers d’autrefois, intitulée « Bons baisers de Vaux » qui est à l’origine de votre association ?

Evelyne Morin (EM) : oui, en quelque sorte, mais pas seulement car, après que nous nous soyons organisés en association et tout en préparant cette exposition (ce qui a demandé près de deux ans…), nous ne sommes pas restés sans rien faire. Nous avons d’abord participé à la restauration d’un tableau du XIXème siècle qui se trouvait dans notre église, « Le mariage de la Vierge », puis organisé un concert pour présenter les jeunes talents vauxois et enfin, à l’occasion des journées du patrimoine, préparé une exposition sur les 100 ans du magnifique édifice qu’est la Martinière. Vous voyez, nous avions déjà beaucoup d’idées et AVRIL se structurait…

Mais c’est vrai que la présentation sur les vieux métiers à l’espace Marcelle-Cuche a été le vrai départ de notre association. Afin de mieux la préparer, beaucoup d’entre nous ont interviewé les témoins du passé vauxois et retranscrit leurs souvenirs. Lorsque l’exposition a débuté, beaucoup ont pu retrouver les anecdotes et les trésors qu’ils nous avaient confiés et du coup, se sentant concernés, ont été ravis d’avoir participé… Il faut dire que cette présentation était du genre grandiose ; nous avions reconstitué l’intérieur d’une carrière, un coteau de vigne, un lavoir avec ses lavandières, un atelier de perlistes et même une salle de classe, vous imaginez ?

JCB : c’est vrai que c’est à partir de cette exposition en 1996 que nous avons vraiment lancé de nouveaux projets tout en organisant chaque année à partir de 1997, des salons et des expositions de manière périodique.

Pouvez-vous nous parler de quelques-uns des projets qui ont le plus compté pour vous ?

TP : oui bien sûr. Dès 1999, nous nous sommes attelés à la restauration de la « pompe du Temple » et de son environnement architectural. Située sous le pont, dans la rue éponyme, elle était à l’état d’abandon et très souvent, en particulier au moment du ramassage des encombrants, faisait l’objet de dépôts de détritus. Cette réfection a été un long travail d’équipe qui nous a entre autres permis de nous initier à la taille de la pierre ; nous devons quand même préciser que nous étions assistés par des professionnels. C’est le genre de projet qui soude un groupe et le fédère ; nous avons beaucoup appris tous ensemble. Bien sûr, nous avons célébré comme il se doit cette réalisation ; je me souviens que ce jour-là nous avions préparé des tripes… sous la neige !

JCB : une autre action qui m’a laissé un très bon souvenir ; en 2000, c’est la construction d’une vingtaine de marottes (petit bateau cousin de l’Optimist), à partir de plans trouvés dans le magazine « le Chasse-marée ». Ce chantier, animé par des menuisiers, nous a aussi permis, comme c’était notre volonté dès le début, d’intégrer des enfants !

A travers ce projet, nous avons le sentiment d’avoir en quelque sorte renoué le lien qui unit Vaux à la Seine. Il reste d’ailleurs une de ces marottes, exposée à côté de la cantine scolaire.

EM : il y a eu d’autres réalisations qui ont également demandé beaucoup d’énergie, par exemple, et toujours en 2000, la soirée « Caf’conc » en hommage à Yvette Guilbert ou, encore en 2001, la fête d’un pressoir ancien que nous avions remis en état. Il y a eu aussi le circuit des lavoirs… A ce propos, on ne peut oublier qu’à l’instigation d’AVRIL sous la présidence de Catherine Borges, plusieurs d’entre eux, Hervieux, saint Nicaise et Fortvache, ont été restaurés avec le soutien d’un conseiller municipal délégué au patrimoine et inaugurés en 2011. Ces lavoirs, on en a même compté sept à un moment, ont laissé de profonds souvenirs parmi les « anciens ». D’ailleurs, dans le but de faire prendre conscience aux enfants de ce patrimoine, chaque année les élèves de l’école maternelle assistent au travail des lavandières.

Je crois que vous avez aussi de nombreuses activités dans le domaine des arts ?

JCB : effectivement, dès le début de notre association, une de ses membres, Danièle Nicolas qui a d’ailleurs été présidente de 1998 à 2005, nous a sensibilisés à la richesse artistique de notre patrimoine, en particulier en ce qui concerne l’Art nouveau dont notre ville possède, avec la Martinière, un très bel exemple.

EM : cette demeure a été construite par un ancien directeur des Folies Bergère, Léon Sari, et s’appelait alors « le château du Temple ». A la fin du XIXème, ce monsieur y a reçu le « Tout-Paris » ; on peut aussi penser qu’il est à l’origine de la venue d’Yvette Guilbert dans notre commune. Ce bâtiment a ensuite été vendu à Eugène Martin qui lui a donné sa nouvelle appellation « La Martinière ». Ce dernier propriétaire a dernièrement fait l’objet d’une exposition spéciale « Vaux au temps d’Eugène Martin ».

En dehors de ces gros projets, avez-vous d’autres activités ?

TP : oh oui, chaque année, au mois d’avril, nous organisons une exposition qui met en valeur les talents des artistes vauxois, qu’ils soient peintres, sculpteurs, photographes, mosaïstes, etc. Nous proposons également des ateliers créatifs sur la découverte de l’histoire de la commune, ses bâtiments, ses habitants, ses activités mais aussi depuis peu sur la généalogie. Cette nouvelle activité qui connaît un beau succès a été impulsée par Annick Riou, présidente d’AVRIL depuis 2021.

EM : pour revenir au patrimoine, nous avons également organisé des expositions sur des thèmes choisis ; il y a eu par exemple « Vaux dans l’objectif » en 2003, « les fêtes vauxoises » en 2018 ; elles sont aussi parfois en rapport avec l’actualité comme « Vaux 39-45 » en 2005, à l’occasion du soixantième anniversaire de la fin de la Seconde guerre ou encore l’exposition commémorative pour le centenaire de l’armistice de 1918. Pour ces deux dernières expos, nous avons eu la chance de recueillir de nombreux documents auprès de la population et de bénéficier des conseils d’un ancien combattant très compétent. Effectivement, même si nous sommes tous bénévoles, nous avons toujours tenu à présenter des expositions documentées et de qualité. Certaines d’entre elles ont fait l’objet de ce que nous appelons « les Cahiers vauxois », des publications qui reprennent illustrations et textes liés à ces expositions.

Tous les ans, l’association participe bien évidemment aux journées du patrimoine. En 2021, nous avons réalisé une exposition et une publication sur le centenaire du monument aux morts. En 2022, AVRIL a organisé deux animations : l’une au Ru Gallet, en collaboration avec l’association Vaux Transition Ecologique où des jus de fruits bio (pommes, poires) étaient proposés et l’autre lors de laquelle les visiteurs ont pu aussi assister au pressage du raisin provenant des pieds de vigne (cépage Baco) que nous avons plantés il y a dix ans au lavoir Hervieux. Une exposition prêtée par les archives départementales « l’histoire de l’eau » complétait cette action. Pour la 2e animation, une autre équipe d’AVRIL faisait visiter la Martinière.

JCB : puisque l’on parle d’édition, il ne faut pas oublier de mentionner notre bulletin d’information trimestriel, « Le tambour ». Dans cette publication de quatre pages, à partir de quelques anecdotes, nous rappelons les grands et petits moments de l’histoire de notre ville, ce petit journal est très attendu.

Nous n’avons pas parlé d’un de vos derniers grands projets, l’orgue qui vient d’être installé dans l’église.

JCB : effectivement, on peut dire que cette reconstruction, car on ne peut pas parler de restauration tant le travail a été important, a été un projet majeur pour l’association. Il nous a mobilisés pendant près de dix ans. Initiée en 2011, entre autres par Martine Mourier qui a été présidente dix ans (2011-2021), cette reconstruction s’est concrétisée par l’inauguration de l’orgue en 2021. Mais pendant ces dix années, nous avons continué toutes nos activités d’expositions, de restaurations (campanile et fenêtre du château d’eau de saint Nicaise), etc. Encore une fois, cette réalisation, une grande fierté pour notre association, a trouvé son aboutissement grâce à la très bonne ambiance qui règne au sein de notre équipe ; nous considérons tous ce point comme essentiel !

Justement à propos d’équipe, combien de membres êtes-vous pour mener à bien toutes ces activités ?

TP : nous sommes trente-six, mais l’adhésion est familiale, c’est-à-dire que lorsqu’une personne s’inscrit, toute la famille est considérée comme membre.

Laissons là les souvenirs et tournons-nous vers l’avenir, vous avez certainement des manifestations et projets futurs ?

EM : en mars, nous avons prévu d’organiser une conférence autour de notre nouvelle activité : la généalogie intitulée « D’une minute à l’autre : les archives notariales et la généalogie ».

Puis en avril, il y aura notre traditionnelle exposition dédiée aux œuvres des artistes vauxois. Ensuite, en septembre, pour les journées du patrimoine, c’est un « escape game » qui sera proposé et en octobre un salon des collections.

Nous envisageons aussi une publication spéciale pour fêter les 150 ans de la carte postale.

TP : un peu plus loin dans le temps, en 2024, nous avons planifié une exposition consacrée à l’arrivée du train à Vaux. Nous travaillons aussi actuellement sur une publication à partir d’une correspondance échangée entre un militaire vauxois qui a servi dans la marine et sa famille de 1885 à 1888. Ces différents travaux nécessitent de nombreuses recherches historiques.

Comme vous le constatez, nous ne manquons pas de projets…

Mais comme toujours, pour les réaliser nous avons besoin de nouveaux membres ; aussi si certains de vos lecteurs sont intéressés par l’histoire locale et le patrimoine qu’ils n’hésitent pas à nous contacter, ils seront chaleureusement accueillis…

Avant de nous quitter, je suis curieux de savoir ce qui vous anime, quelles sont ces motivations qui vous poussent à vous engager de la sorte ?

JCB : pour ma part, je suis très curieux et, en tant que Vauxois d’origine, intéressé par tout ce qui touche cette jolie et agréable petite ville au passé très riche. J’ai aussi l’envie de partager et de faire savoir…

EM et TP : je crois que nous avons en commun l’amour de notre village et son histoire mais aussi le plaisir de travailler ensemble, ce travail d’équipe apporte beaucoup.

Merci beaucoup à vous trois pour ce moment partagé et pour votre grande implication dans la transmission des témoignages du passé. Je pense que nos lecteurs auront compris l’importance que notre histoire et notre patrimoine tiennent dans notre vie quotidienne.

Bravo à toute votre équipe pour la qualité de son travail.

 

(Propos recueillis par Jannick Denouël)

Pour en savoir plus sur cet orgue et sur notre association, vous pouvez consulter notre site Internet, notre  compte Facebook ou le numéro des Echos de novembre 2021.

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