La Foy de Soulages

A Rodez où il est né en 1919 et dès l’âge de cinq ans, Pierre Soulages commence à peindre non pas avec des couleurs mais en trempant son pinceau dans l’encrier. Plus tard, il se promène avec bonheur sur les plateaux du Rouergue et admire les peintures rupestres des grottes plongées dans le noir.

En 1942, Pierre et Paulette, élèves des Beaux-Arts de Montpellier, se marient à Sète, en l’église Saint-Denis, à minuit… et habillés tous deux de noir. En 1979, sa démarche va aller plus loin : c’est une révélation et la naissance de ce qu’il nommera plus tard « l’outre-noir ».

Il abandonne le brou de noix et les toiles où le noir gratté laissait surgir en-dessous des blancs, des bleus, des rouges. Désormais, il fait jaillir la lumière de l’obscurité. C’est une abstraction totale qui s’exprime par des titres classifiés (technique, dimensions, date).

En réalité, ses toiles ne sont pas si monochromes : le noir est organisé en plis, en rayures, en ondulations épaisses, les brillants et les mats se succèdent. Il dit lui-même qu’il utilise la lumière réfléchie par la surface du noir.

Le peintre français le plus coté est présent partout dans le monde, mais il est un lieu qui le rattache à son enfance : Sainte-Foy-de-Conques dans l’Aveyron. La création des vitraux de l’église après trois cents essais durera huit ans. Le temps de fabriquer, avec J. D. Fleury et E. Savelli, le bon verre. De 1986 à 1994, les cent quatre ouvertures de l’abbatiale accueillent le vitrail translucide et non transparent qui bute sur les murs sans bordure extérieure et laisse à l’architecture romane toute sa place. Chaque plaque de verre possède sa propre identité, est organisée en bandes et en obliques séparées par le plomb. La lumière naturelle est mouvante selon l’heure. Du matin au soir, la couleur est différente.

A leur arrivée, les pèlerins de saint Jacques sont plongés dans un havre de paix propice au recueillement.

A votre arrivée, vous oublierez vite votre curiosité et profiterez de ce moment unique.

 

Françoise Zammit

 

  1. B. : L’acheteur de la « peinture – 186 x 143 cm – 23 décembre 1959 » vendue 9,6 millions d’euros à New York a prêté l’œuvre jusqu’en juin 2021 au musée Fabre de Montpellier.

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