L’ajonc, la bruyère et le sapin

Voilà l’histoire, presque vraie, d’une conversation  entre l’ajonc, le sapin et la bruyère, des plantes emblématiques de ces landes bretonnes pleines de mystère…

Elle remonte au temps où les monts d’Arrée étaient recouverts de profondes et mystérieuses forêts. C’était au cours d’une nuit bien noire, tout d’un coup, tel un souffle, une rumeur s’est répandue d’arbre en arbre, elle disait « …bien loin d’ici, en Orient, du côté de la Palestine, un sauveur vient de naître… ».

Un message tellement beau, qu’il emplit d’émotion tous les arbres, des plus vieux, plus que centenaires, aux toutes jeunes pousses, et l’on put même voir ce soir-là, le givre qui recouvrait les feuilles et les branches, le givre fondre comme neige au soleil. Tout émus, ils prirent ensemble une grande décision : il fallait à tout prix envoyer une délégation à Bethléem !

Des délégués furent choisis ; bien sûr, ce fut d’abord  le chêne, monarque des forêts, qui fut en charge de mener la délégation…mais, grand seigneur, prétextant qu’il lui était impossible de quitter son peuple de la forêt, il refusa tout net ! On pensa alors à l’if, lui aussi centenaire et tout autant respecté par ses congénères, mais lui non plus n’a pas semblé être tenté par le long voyage. On pensa ensuite au hêtre, puis à l’orme, et même au merisier, tous refusèrent, proposant à chaque fois des excuses souvent discutables ;  il ne restait donc plus que les petits, les sans grades, le sapin, l’ajonc et la bruyère…Il faut bien dire que tous les trois furent très surpris que l’on puisse penser à eux. Malgré tout, très heureux, le cœur joyeux,  le trio prit le chemin vers l’orient lointain.

Ce fut très long et parsemé d’embuches. D’autant plus que l’ajonc et la bruyère avaient beaucoup de mal à suivre le sapin, qui lui pouvait faire de grands pas. Enfin, après de longues journées de marche et beaucoup de persévérance, ils aperçurent enfin les lumières de Bethléem.

Après avoir quelque peu tourné et cherché, ils se retrouvèrent tout ébahis devant la crèche. Alors, toute rouge de confusion, la bruyère félicita doucement Marie et lui offrit un bouquet magnifique. De son côté, l’ajonc se laissa docilement brouter par l’âne qui découvrit une fraicheur jusque là méconnue. Quant au sapin, il accepta de donner à Joseph sa branche la plus solide pour en faire un berceau digne de ce nom pour l’enfant.

Après quelques jours passés avec la famille à Bethléem, ils rentrèrent au pays le cœur léger avec le sentiment du devoir accompli. Pendant tout le voyage du retour, ils rapportaient à tous ceux qu’ils rencontraient la bonne nouvelle…les humbles, les pauvres, les morts de faim, les opprimés, les exclus de toutes sortes, les mal-aimés, tous retrouvaient alors l’espérance ! Les questions pleuvaient, questions auxquelles souvent ils ne savaient pas trop répondre, il faut dire qu’ils n’avaient pas fait de longues études ; aussi ils répondaient simplement « le fils de Dieu …il n’a pas l’air d’un Dieu, c’est un petit homme, c’est bien dommage mais c’est très difficile de le reconnaître, si on ne sait pas que c’est lui… ».

Voilà donc la belle histoire que se racontent entre eux l’ajonc, la bruyère et le sapin dans les monts d’Arrée.

Et maintenant que vous la connaissez, cette belle histoire, vous comprenez sans doute pourquoi la bruyère, l’ajonc et le sapin, ne perdent pas leur feuillage en hiver, ils sont devenus immortels…comme Dieu ! Et avouons qu’il y a de quoi se réjouir de cette très bonne nouvelle, non ?

Librement inspiré d’un conte trouvé sur Internet…

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