Le christianisme dans l’Orient arabe

Après une rencontre récente avec une famille de réfugiés irakiens chrétiens, tout juste arrivés de Mossoul (l’ancienne Ninive de la Bible, située au Nord de l’Irak), il a paru opportun de faire le point sur la situation du christianisme dans les pays arabes du Moyen-Orient. La guerre civile et l’exode des populations marquent plusieurs de ces pays. Les chrétiens sont parmi les plus touchés, mais d’autres facteurs, historiques, culturels, démographiques, rendent leur situation particulièrement difficile.  

Une démographie défavorable aux chrétiens

 

Le Moyen-Orient est le berceau des religions juive, chrétienne et musulmane. C’est dans cet espace géographique que s’est développé le christianisme dès les temps apostoliques. On parle encore, ici ou là, l’araméen qui était la langue de Jésus. C’est le cas de la famille irakienne rencontrée (qui parlait également arabe, français et anglais).

Parmi les questions qui se posent aux chrétiens vivant dans les pays arabes du Moyen-orient, il y a celle de l’évolution démographique. On considère que la population de ces pays a été multipliée par cinq au cours des soixante dernières années. Mais les chrétiens, pour de multiples raisons, n’ont pas suivi la même courbe de croissance. De 19%, ils sont aujourd’hui environ 7,5%, dont un quart de catholiques, avec de fortes disparités suivant les pays : 10% en Egypte, mais 0,15% en Irak, par exemple.

 

Face à face difficile avec l’Islam

 

Face aux turbulences d’un Moyen-Orient confronté aux difficiles questions politiques et sociales liées aux transformations économiques et au réveil de l’Islam, aux luttes (politiques autant que théologiques) entre Sunnites et Chiites, aux découpages territoriaux issus de la chute de l’Empire Ottoman, à la fascination qu’exerce la modernité occidentale, si éloignée de la tradition culturelle de ces pays et à la présence de l’état d’Israël, les chrétiens, dont les droits civiques sont parfois inférieurs à ceux des musulmans, apparaîssent comme liés à l’Occident chrétien et boucs émissaires désignés lors des plus fortes tensions. La situation très minoritaire des chrétiens n’est pas à leur avantage, même lorsque le pouvoir leur apporte une certaine protection.

 

Vestiges du christianisme des origines

 

C’est aussi un christianisme très éclaté. Encore aujourd’hui, on retrouve dans ces pays de l’Orient arabe les traces des débats théologiques et des luttes d’influence des premiers siècles du christianisme. Les débats y ont été intenses sur les questions entourant la Trinité, la double nature divine et humaine de Jésus-Christ, le positionnement de Marie (mère de l’homme Jésus ou mère de Dieu ?). A chaque grande étape de la formulation d’un dogme commun, certains n’ont pas voulu suivre. Des églises actuelles se rattachent uniquement aux deux premiers conciles, qui ont établi le dogme trinitaire formulé dans le Credo (l’église apostolique assyrienne de l’Orient, l’église syrienne chaldéenne, l’ancienne église d’Orient). D’autres aux trois premiers, ajoutent au Credo l’unité de personne en Jésus-Christ et Marie, mère de Dieu (Coptes d’Egypte, église syriaque orthodoxe, église jacobite de Mésopotamie, etc.), d’autres encore, dans la mouvance de l’église orthodoxe, aux sept premiers conciles.

 

Au cours de l’histoire, certaines de ces églises se sont scindées et une partie a rejoint le catholicisme (devenant ainsi des églises des vingt-et-un conciles) ou le protestantisme. On y retrouve les Maronites, les Melkites (rite grec catholique), les Syriaques catholiques, les Coptes catholiques et l’église latine d’Orient, entre autres. Ces églises utilisent des rituels différents de celui du catholicisme romain, parfois voisins du rituel de l’église orthodoxe basé sur la liturgie de Saint Jean Chrysostome, mais elles sont en communion avec le pape et la doctrine de l’église catholique.

 

Evoluant dans un environnement hostile, ces églises chrétiennes ne doivent leur survie qu’à la ferveur de leurs membres et à leur attachement à leurs traditions spirituelles. L’émigration a permis, pour certaines, une bonne implantation dans le monde occidental (Europe, Etats-Unis). Tous ces chrétiens de l’Orient arabe attendent la solidarité de leurs frères chrétiens d’Occident.

Daniel Pasquiet

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