Le solstice d’hiver

Chaque année, fin décembre, nous quittons l’automne pour entrer dans l’hiver. Un changement de saison qui peut survenir à des dates différentes selon les conditions astronomiques : le solstice d’hiver peut avoir lieu le 20, le 21, ou le 22 décembre ! En 2018, il est programmé pour le vendredi 21 décembre à 23 h 23. La conséquence est que ce jour-là sera le jour le plus court de l’année.

A partir du lendemain, les jours commenceront à se rallonger pour nous amener petit à petit vers le printemps. L’arrivée de l’hiver n’est donc pas une mauvaise nouvelle puisque, chaque jour qui va passer nous fait gagner des heures supplémentaires de luminosité ! Les jours commenceront à rallonger dans toute la France jusqu’au solstice d’été, le 21 juin, quand aura lieu le jour le plus long. Lors du solstice d’hiver, la position de la terre par rapport au soleil atteint son inclinaison maximale. Résultat : le soleil vu de notre planète est à son extrême méridional (point le plus au Sud par rapport à l’horizon), l’ensoleillement est le plus court possible. Lors du solstice d’été, c’est l’inverse. Tout cela ne doit pas être confondu avec les équinoxes d’automne ou de printemps, lors desquelles nuits et jours ont la même durée…

Les solstices ont dans le passé donné lieu à de grandes fêtes, surtout dans les campagnes où elles marquaient les grands moments des travaux des champs. Les fêtes solsticiales exprimaient la nécessité de se régénérer périodiquement par une annulation du temps. Nous participions ainsi à un rite de régénération par une recréation du monde. Elles étaient dédiées aux deux saints : saint Jean le Baptiste qui ouvre la porte estivale et annonce le cycle d’obscuration et saint Jean l’Évangéliste qui ouvre la porte hivernale et annonce le cycle d’illumination. Jean le Baptiste a dit : « il faut que je décroisse afin qu’il croisse ! » La lumière solaire va devoir s’effacer devant la montée de l’autre lumière celle de Jean l’Evangéliste qui est bien entendu celle du Christ.

Nous allons quitter Jean le Baptiste qui est celui qui est appelé par Dieu pour proclamer un temps nouveau, un temps de libération, et nous rapprocher de Jean l’évangéliste qui nous ouvre la vie nouvelle dans son « Apocalypse »

Les fêtes solsticiales ne reflètent pas le caractère des saisons. Le solstice d’hiver, saison habituellement froide, triste et sombre, inaugure en fait le début de la phase ascendante du soleil dans le ciel vers la lumière. Le solstice d’été, saison d’ordinaire chaude, joyeuse et claire, amorce au contraire la phase descendante de l’astre vers l’obscurité. Les fêtes solsticiales renvoient au symbolisme romain de Janus, le dieu aux deux visages, le Dieu des portes, qui était représenté avec deux visages car chaque porte ouvre sur deux possibilités. Le premier jour du mois et le premier jour de l’année lui étaient consacrés.

Seul Janus avait la clé des deux portes :

  • la porte des hommes, associée au solstice d’été, donne accès aux « petits mystères » qui consistent en une régénération psychique,
  • la porte des dieux, en relation avec le solstice d’hiver, donne accès aux « grands mystères » qui mènent l’être de l’état humain à l’état suprahumain ou spirituel.

La tradition antique festive née peut être parmi les premiers peuples slaves s’est transmise au monde chrétien pour se poursuivre au Moyen-Age au travers des corporations de constructeurs et du Compagnonnage (artisans, verriers, tailleurs de pierre, sculpteurs, peintres, charpentiers, menuisiers, forgerons, etc.) qui eurent les deux saint Jean pour patrons.

La fête de la saint Jean d’été était célébrée de différentes manières suivant les régions de France, très populaire à la campagne où ce jour-là étaient construits de grands bûchers de bois, allumés à la tombée de la nuit, autour duquel l’on dansait.

La saint Jean d’hiver symbolise la renaissance de la lumière. Elle est fêtée le 27 décembre, proche donc de Noël et ce jour, on ranimait les feux avec une bûche soigneusement choisie et mise de côté lors de la fête de la saint Jean d’été. Quand nous fêtons Noël, pensons à la saint Jean d’été et à cette bûche mise de côté pour rallumer le feu, est-ce l’origine possible du nom de ce gâteau, la buche de Noël présente sur toutes les tables en ce jour de fête ?