L’étoile du poète

Ces quelques lignes pour se souvenir et rendre hommage au poète, peintre, dessinateur, dramaturge et cinéaste français qu’était Jean Cocteau.

Né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte dans une famille bourgeoise, il découvre le théâtre et le cinéma à l’âge de 6 ans lorsque sa mère lui ramène les programmes de ses multiples sorties. Soigneusement collectionnés par le jeune garçon, il imagine décors, textes et musiques : prémices d’un futur homme caméléon. A 15 ans, il quitte le cocon familial pour étudier au lycée mais, manifestant peu d’intérêt pour les études, il est renvoyé pour indiscipline et se lance peu après dans l’écriture de poèmes. Sa rencontre avec le tragédien Edouard de Max lui ouvre les portes de la renommée. Fasciné par son style, il le fait connaître du Tout-Paris au cours d’une matinée poétique qu’il organise au théâtre Fémina, ancienne salle de spectacle aujourd’hui disparue, sur les Champs-Elysées.

La publication d’un premier recueil de poèmes « La lampe d’Aladin » en 1909, lui apporte popularité et reconnaissance dans les cercles artistiques bohèmes. Il fréquente les salons parisiens comme celui de la poétesse Anna de Noailles et y rencontre toutes les célébrités artistiques de l’époque qui, par leur influence, feront naître son côté « caméléon », que ce soit dans l’art de la danse, du cinéma, du théâtre, de la peinture…

Réformé du service militaire, Cocteau décide néanmoins de participer à la Première Guerre mondiale comme ambulancier. Démobilisé pour raisons de santé, il reprend ses activités artistiques. Dans les années 20, sa dépendance envers l’opium et ses efforts pour s’en sevrer ont une influence décisive sur son modèle littéraire. Son livre le plus connu « Les Enfants Terribles » (1929), est d’ailleurs écrit en une semaine au cours d’un difficile sevrage. La plupart de ses œuvres littéraires jouées principalement par Jean Marais « Orphée », « L’éternel retour », « La Belle et la Bête » deviennent une référence cinématographique récompensée par le prix Louis-Deluc en 1946.

En 1950, le dessin et la peinture marquent un nouveau tournant dans les talents de l’artiste. En vacances à Saint-Jean-Cap-Ferrat chez des amis, il commence bientôt à dessiner un Apollon au-dessus de la cheminée du salon. Encouragé par Matisse, il entreprend de décorer tous les murs blancs de la maison de fresques, mosaïques et tapisseries sur le thème de la mythologie grecque ou de la Bible. Ce sera ensuite la fresque des chapelles Saint-Pierre à Villefranche-sur-Mer et Saint-Blaise à Milly-la-Forêt ainsi que le salon des mariages de la mairie de Menton. Son dernier chef-d’œuvre sera la réalisation de vitraux dans l’église Saint-Maximin de Metz. En 1955, il est élu à l’Académie française ainsi qu’à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Il sera fait Commandeur de la Légion d’Honneur en 1961.

Apprenant la disparition de sa grande amie Edith Piaf pour qui il avait écrit en 1940 la pièce de théâtre « Le bel indifférent » qui remporta un immense succès, il est pris d’étouffement et succombe quelques heures plus tard d’une crise cardiaque dans sa maison de Milly-la-Forêt le 11 octobre 1963. Lors de ses obsèques à Milly-la-Forêt, près de cinq mille personnes : représentants du gouvernement, de l’Académie française, personnalités, artistes, amis et villageois, ont envahi les rues de ce village si tranquille. Il repose désormais près de la petite église où l’on peut toujours admirer la fresque qu’il a peinte.

Pour connaître un peu plus son œuvre et sa vie, sa maison de Milly-la-Forêt est ouverte au public depuis 2010 ainsi qu’un musée à Menton.

Rendons-lui un dernier hommage avec cette chanson que lui a dédiée Gilbert Bécaud :

« Quand il est mort le poète,

On enterra son étoile,

Dans un grand champ de blé !

Et c’est pour ça que l’on trouve,

Dans ce grand champ… des bleuets ! »

 

Geneviève Forget

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *