MARTA BENTOWSKI, danseuse contemporaine et artiste martiale,

…fondatrice de l’ACCADRA (Académie de Danse et Rencontres des Arts) et de l ‘AAVS-M(Académie de l’Aïkido de la Vallée de la Seine-Meulan).

 

Vous l’avez s doute déjà remarqué, chaque année, Marta Bentkowski, dans son magnifique costume noir et blanc et munie de son bâton de bois, fait une époustouflante démonstration d’aïkido au cours du forum des associations à Meulan, mais cette artiste n’a pas qu’une corde à son arc, nous vous invitons à découvrir ses multiples talents…

Bonjour Madame Bentkowski, merci d’accorder un peu de votre temps aux «Echos». La danse contemporaine et l’aïkido ne sont pas des disciplines très courues, qu’est-ce qui vous y a conduite ?

J’ai la passion de la danse et du mouvement depuis que je suis toute petite. Dans mon Italie natale, eh! oui, comme mon nom ne l’indique pas, je suis née à Milan et mes parents étaient plutôt scientifiques, j’étais attirée par tout ce qui était artistique et surtout la danse; la danse classique, dans un premier temps, puis par la suite le besoin de liberté et celui de laisser parler une certaine créativité, ont dirigé mes pas vers la danse contemporaine. Après des études littéraires à Milan, je suis arrivée en France vers 27 ans, à Paris plus précisément; cette ville était pour moi un des deux «paradis» de la danse contemporaine, avec New-York, bien sûr…

C’est en France donc, au cours d’un stage de danse, que j’ai fait (par hasard?) la rencontre de l’aïkido et depuis, j’ai la chance de pouvoir cultiver une double passion pour ces deux arts qui, tout bien considéré, se complètent assez bien.

Il me faut aussi préciser que depuis cette époque, bien que professeur, je suis aussi une élève assidue, on ne cesse d’apprendre et de se transformer tout au long de sa vie, n’est-ce pas?

La danse contemporaine, un espace de liberté …

La danse contemporaine est, je crois, votre activité principale, comment entre-t-on dans ce domaine qui peut sembler un peu ésotérique au béotien;?

En danse contemporaine existent de nombreux courants; c’est une forme artistique ouverte, chaque chorégraphe donne son empreinte aux spectacles qu’il crée en fonction de son parcours. En ce qui me concerne, après une formation à la technique Graham et Limon en Italie, j’ai rencontré Pierre Doussaint, chorégraphe et pédagogue aux Mureaux dans les années 90, d’ailleurs il pratiquait aussi l’aïkido, puis j’ai obtenu en 1997, un diplôme d’état de professeur de danse contemporaine.

L’enseignement de la danse contemporaine veut donner aux élèves la plus large pratique possible du mouvement; l’apprentissage d’un vocabulaire technique de base (étude du corps au sol, conscience du poids et de la respiration, équilibre, verticalité) s’accompagne d’un éveil de la créativité grâce à «l’improvisation» qui invite l’élève à trouver un langage personnel dans le mouvement, à donner forme à ses idées, à s’exprimer en fonction de son corps, son âge, son histoire… C’est une discipline qui respecte et met en valeur la singularité de chacun. En relâchant les tensions musculaires inutiles, en réveillant les zones du corps peu mobiles, nous intégrons peu à peu dans notre quotidien une façon différente de bouger, ressentir, voir et agir.

Une compagnie de danse contemporaine, «En quarantaine…»

Avez-vous d’autres activités liées à la danse contemporaine?

Effectivement, avec trois amies, nous avons créé, il y a quatorze ans, une compagnie qui s’appelle «En quarantaine» un projet collectif et pluridisciplinaire. Avec cette troupe, nous avons monté plusieurs spectacles. Le dernier, «54 minutes chrono», qui mêle danse, textes et chants, a pour thème le temps, celui qui reste, celui qui passe, celui qui nous manque…, et nous nous produisons dans les salles de Paris et de sa région.

Nous proposons aussi une performance avec deux pianistes classiques, sur des musiques de Ravel et Debussy, le spectacle s’appelle «1, 2, 3, 4, 5, 6», un piano, deux musiciens, trois danseuses, quatre mains, cinq interprètes, six pieds… Il a été présenté cette année, dans le cadre de la «Semaine Bleue», dans une salle parisienne.

Avec ma fille, nous avons aussi créé en 2013 le duo dansé intitulé «Nos armes douces», que nous avons présenté dans plusieurs festivals et en 2015 à Vaux, pour la fête des Mères.

Aïkido, art martial contemporain

Venons-en à l’aïkido qui est, vous l’avouerez, un art martial peu connu, vous voulez bien nous en parler un peu?

C’est un art qui a été créé au Japon, dans la première moitié du XXème siècle, par Maître Ueshiba. Pour ma part, depuis vingt-cinq ans, je suis l’enseignement d’André Cognard, fondateur de l’Académie Autonome d’Aïkido Kobayashi Hirokazu (du nom de son Maître). L’aïkido, qui pourrait se traduire par «voie de concordance des énergies», n’est pas un sport de combat, même s’il se pratique à deux, d’ailleurs il n’y a pas de compétition. C’est plutôt une voie, une recherche sur le corps dans sa dimension posturale, énergétique et communicative. Il y a un attaquant et un recevant; ils peuvent être équipés d’armes en bois, bâton ou sabre ou bien être mains nues. Nous étudions des techniques de projections ou d’immobilisation qui sont inspirées de la nature, l’eau, le feu, les vagues… C’est un art qui cultive la relation, d’ailleurs on ne parle pas d’adversaire, mais de partenaire. Ritualiser le conflit, c’est transformer l’énergie de l’attaque en énergie positive, l’agressivité en créativité. C’est un art qui permet de mieux se connaître et d’apprendre à se maîtriser en évacuant les pressions de la vie quotidienne.

Comme dans les autres arts martiaux, judo ou karaté qui sont les plus connus, il y a des mouvements et techniques de base, que l’on apprend en les répétant de nombreuses fois, et aussi des grades. Nous avons le droit de porter la tenue, le pantalon noir ou bleu très large et la veste blanche que nous appelons le hakama, uniquement lorsque le professeur nous en estime capables, en général à partir du 1er dan. A la différence des autres arts martiaux, il n’y a pas de ceintures de couleurs différentes en fonction du niveau.

Vous enseignez donc la danse contemporaine et l’aïkido dans notre secteur, comment cela se traduit-il?

Pour la danse contemporaine, c’est au travers d’une association qui s’appelle ACCADRA, qui signifie aussi «ça viendra» en italien, que je donne ces cours. Elle a été créée en 1995 et il s’agit là aussi de transversalité, de la rencontre de la danse avec d’autres disciplines comme le théâtre, la musique bien sûr et l’aïkido. Nous accueillons actuellement une cinquantaine d’élèves, adultes et enfants, que nous recevons à Juziers, à la Maison Pour Tous, ou à Vaux, à l’espace Marcelle Cuche et au Cosec.

A partir de quel âge les enfants peuvent-ils suivre ces cours?

Pour les plus petits, à partir de 4 ans, les cours hebdomadaires ne durent que trois quarts d’heure, pour les plus grands, une heure et les adultes, qui ont la possibilité de venir deux fois dans la semaine, une heure trente. J’ai aussi mis en place à la MPT de Juziers un cours très tôt le matin, à 6 h 30, qui est né de l’envie de partager une discipline personnelle quotidienne; par le biais des mouvements, respirations, postures et marches, faire circuler l’énergie dans le corps et commencer la journée en étant «centré».

Chaque saison de danse est ponctuée par un spectacle qui est proposé dans la salle de l’espace Marcelle Cuche à Vaux.

Et pour l’aïkido?

L’association, créée à la même époque, s’appelle l’AAVS-M. Nous accueillons actuellement six adultes et une quinzaine d’enfants au dojo du gymnase des Annonciades à Meulan.

Nous pouvons constater que vous ne manquez pas d’activités…

Oui, d’autant plus que j’assure aussi les Temps d’Activités Scolaires (TAP) pour l’école de la Sergenterie à Juziers. Chaque jour de la semaine en période scolaire, pendant quarante-cinq minutes, j’encadre un groupe de dix-huit enfants; avec eux, je travaille autour de la danse, de la relaxation et … de l’aïkido. J’organise des jeux et par groupe de deux les enfants se posent, se détendent, la plupart du temps en écoutant de la musique. J’utilise différents instruments et j’essaye de mélanger les arts. Dans tous les cas, je dois me montrer souple et réactive et ne pas hésiter à me remettre en question afin de m’adapter à chaque groupe. A Juziers, grâce aux choix de l’équipe municipale, l’expérience des TAP est positive, permettant de faire découvrir certaines disciplines à des enfants qui n’y auraient peut-être pas facilement eu accès.

Enfin, depuis quelque temps, je me suis mise à l’étude du piano et du chant lyrique; je pense que l’on peut vraiment apprendre à tout âge, d’autant plus que la musique est étroitement liée à la danse…

Que pouvons-nous vous souhaiter pour les années à venir?

Au fur et à mesure de mon évolution personnelle, ma passion pour l’enseignement grandit, je souhaite poursuivre la recherche «le corps, le cœur et l’esprit curieux»!

Un grand merci Madame Bentkowski, par votre implication dans toutes ces associations vous participez activement au développement et à l’épanouissement des petits comme des grands, merci aussi pour vos précisions techniques concernant l’aïkido; nous connaissons maintenant tout, ou presque, de ce bel art martial.

(Propos recueillis par Jannick Denouël)

Site de la compagnie «En quarantaine»

Associations ACCADRA et AAVS-M: 01 30 99 11 09.

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