Martin Luther King : quand le rêve devient réalité

Dans une de nos dernières publications, nous vous avions raconté la vie de Gandhi. Nous vous proposons ce mois-ci de mieux connaître la personnalité d’un autre combattant des inégalités et, lui aussi grand artisan de la Paix dans le monde, le pasteur Martin Luther King.

Martin Luther King est né en 1929 à Atlanta en Géorgie au sud des Etats-Unis, un état très marqué par la ségrégation raciale. A cette époque, même si depuis 1865 la loi interdit l’esclavage, les noirs sont très loin d’avoir les mêmes droits que les blancs ; en 1940, par exemple, leur espérance de vie est de dix ans inférieure et il leur est interdit de se mélanger aux blancs dans les lieux publics. Il a grandi dans une famille très pieuse, son papa est d’ailleurs pasteur baptiste ; petite anecdote, ses parents l’ont appelé Martin Luther en référence au pionnier de la réforme protestante du XVIème siècle.

C’est un élève studieux qui, à 18 ans, décide de devenir pasteur ; en 1948, il intègre donc le séminaire Crozer à Chester en Pennsylvanie pour y suivre des cours de théologie, des études qu’il va compléter par un doctorat à l’université de Boston. Au cours de sa formation, il lit beaucoup ; parmi toutes ses lectures, il découvre Gandhi, militant non-violent et l’écrivain David Thoreau, théoricien de la désobéissance civile ; ces deux grands personnages vont l’influencer toute sa vie.

Diplôme en poche, il revient dans le sud, à Montgomery en Alabama, pour prendre la charge de la « Dexter Avenue Baptist Church ». Entre temps, en 1953, il a épousé Coretta Scott et est devenu membre de la « National Association for the Advancement of Colored People », un groupe qui lutte contre la discrimination raciale.

 

Un boycott qui va durer 381 jours !

C’est dans cette ville de Montgomery qu’il commence à faire parler de lui en prenant la tête du mouvement de défense de Rosa Parks, une noire qui a refusé de s’asseoir au fond d’un bus comme le veut le règlement. Le boycott qu’il organise alors va durer … 381 jours ! Il faut dire que les noirs américains représentent 40 % de la population et utilisent largement le réseau de bus de la ville ; de plus le boycott s’est rapidement étendu aux commerces qui ne soutiennent pas la population afro-américaine. Il sort vainqueur de ce combat : en 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis déclare les lois ségrégationnistes d’Alabama inconstitutionnelles ; cependant cette lutte va marquer le début des attaques dont il fera l’objet toute sa courte vie.

Après ce succès, Martin Luther King devient président de la « Southern Christian Leardership Conference » (SCLC), une association chrétienne qui lutte pour l’égalité de tous les citoyens, sans aucune distinction de couleur de peau.

En 1959, il part en Inde, à la rencontre de la famille de celui qui a depuis toujours inspiré son combat. Là-bas, il rencontre également Nehru, devenu premier ministre ; il y reste cinq semaines, un séjour qui va lui permettre d’approfondir ses connaissances en matière de lutte non-violente.

 

En prison à Birmingham

Il s’installe ensuite à Atlanta, siège de la SCLC, d’où il lance à nouveau plusieurs campagnes de protestation ; il dirige aussi plusieurs manifestations et en 1963 sera incarcéré à Birmingham après des émeutes ; c’est au cours d’un de ces séjours en prison qu’il a écrit sa lettre « Letter from Birmingham jail » dans laquelle il vante les mérites de la non-violence.

La même année, après une marche pour la liberté, devant le mémorial Abraham Lincoln à Washington, il prononce le discours qui va le rendre célèbre dans le monde entier, le fameux « I have a dream… », une allocution dans laquelle il déclare aspirer à une Amérique fraternelle libérée des inégalités ; malheureusement, comme un signe, peu de temps après, à Birmingham, quatre fillettes noires meurent dans une église à la suite d’un attentat …

Prix Nobel de la Paix en 1964

Peut-être grâce à ce célèbre discours, Martin Luther King sera nommé l’homme de l’année par le grand « Times magazine » et l’année suivante, en 1964, honneur suprême, il reçoit le prix Nobel de la Paix ! Cependant, malgré les lois qui légalisent le droit de vote pour tous et suppriment les inégalités, le combat continue…

Afin d’étendre son action et lutter contre la pauvreté qui marque particulièrement le peuple noir, il décide de s’installer à Chicago dans le nord du pays. En 1968, pour faire prendre conscience aux dirigeants des grandes différences qui existent entre les populations, il lance une campagne de boycott et de sit-in. Cette lutte suscite quelques polémiques, d’autant plus que le pasteur noir critique ouvertement la politique étrangère des Etats-Unis, notamment au Vietnam, ce qui le fera suspecter de militant « communiste » …

Au printemps 1968, venu à Memphis dans le Tennessee pour soutenir des grévistes noir-américains, il est assassiné sur le balcon de son hôtel, il a 39 ans ! Comme Gandhi, lui aussi adepte de la non-violence, il meurt de la violence…

A la suite de ce meurtre, une grande détresse règne dans le pays et des émeutes éclatent dans plus de soixante grandes villes. Cinq jours plus tard, dans le but d’apaiser la situation, le président Johnson ordonne une journée de deuil national.

Pour beaucoup, Martin Luther King est le symbole de la lutte contre les inégalités et le racisme et depuis 1986, un jour férié, le troisième lundi de janvier, a été institué aux Etats-Unis pour commémorer son anniversaire. Cependant, les inégalités persistent et le combat est loin d’être gagné, en témoignent les émeutes qui éclatent régulièrement et les violences policières récentes…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *