Mohandas Karamchand Gandhi

J’ai envie de vous faire partager le destin de quelques personnalités qui ont marqué de leur empreinte le XXème siècle. Je vous propose de débuter ce mois-ci par un personnage considéré par beaucoup comme étant l’apôtre de la non-violence.

Mohandas Karamchand Gandhi

Celui qui deviendra le Mahatma (traduisez « grande âme ») est né le 2 octobre 1869 à Porbandar, une grande ville au nord-ouest de ce qui était à l’époque l’empire britannique des Indes, dans une famille de riches commerçants. Après des études d’avocat à Londres, il décide, en 1893, d’aller plaider en Afrique du Sud. Il prend là-bas conscience du racisme et commence à construire sa doctrine, basée sur la non-violence et la maîtrise de soi. Il remporte alors quelques succès face aux gouvernants britanniques, mais déjà au prix de plusieurs séjours en prison. En 1914, il revient dans son pays natal dans lequel il ressent l’envie et le besoin pressants d’indépendance. C’est le début de la première guerre mondiale et le très sage Gandhi conseille à ses compatriotes, malgré tout ce qui les oppose à eux, de lutter aux côtés des Britanniques ; il pense que c’est là une façon de prouver qu’ils sont capables de défendre leur patrie. Toutefois, dès la guerre terminée, il reprend sa lutte contre les inégalités, c’est la naissance du « Mahatma ».

Au début des années 20, devenu directeur exécutif du Parti du Congrès, il commence vraiment sa lutte pour l’indépendance de l’Inde : « la swaraj », les boycotts s’intensifient et les Indiens rejettent alors tout ce qui est britannique. Considéré comme meneur, il est arrêté et condamné à six ans de prison ; il en sortira deux ans plus tard pour raison de santé. C’est aussi à cette époque qu’il prend conscience des mauvaises relations qui s’installent entre hindous et musulmans. Les négociations menées avec les gouvernants britanniques pour obtenir l’indépendance ne progressent pas et, contre toute attente, le drapeau indien est accroché à Lahore le 26 janvier 1930 ; ce jour est d’ailleurs fêté comme le « jour de la République ».

La même année, le Mahatma entame « la marche du sel » au cours de laquelle des dizaines de milliers d’Indiens le suivent sur une route de 400 km ; pour protester contre la taxe salière, ils vont chercher leur propre sel dans la mer. Soixante mille d’entre eux, dont Gandhi, seront arrêtés et emprisonnés à la suite de cette longue marche.

Malgré l’indépendance partielle accordée en 1935, Gandhi continue avec le futur premier ministre Nehru son combat pour l’indépendance totale et contre les inégalités. Arrive alors la seconde guerre mondiale dans laquelle les Britanniques veulent engager l’Inde ; sans même prendre leur avis, Gandhi refuse alors toute compromission. En 1942, il rédige un texte destiné aux gouvernants ; connu sous le nom de « Quit India », il devient le point de départ de nombreux mouvements, parfois violents. Le 9 août 1942, le Mahatma et de nombreux dirigeants du parti sont arrêtés et c’est au cours de cette incarcération que Fasturbaï, l’épouse de Gandhi, emprisonnée elle aussi, décède sans doute d’une crise cardiaque. Le Mahatma, très atteint par ce décès, (ils s’étaient mariés à l’âge de 13 ans, c’est-à-dire depuis presque soixante ans !) et très affaibli, sera libéré en mai 1944. Toutefois, sa lutte n’aura pas été inutile car l’Inde obtient son indépendance « entière » peu après la fin de la guerre, le 15 août 1947 !

Ce qui devrait être une belle fête est toutefois un peu ternie par la scission de l’Inde avec le Pakistan. Une séparation douloureuse qui va engendrer une guerre religieuse ; elle fera plus de quatre cents mille morts et verra le déplacement, de part et d’autres des nouvelles frontières, de près de vingt millions de personnes. Ce sera la dernière bataille du Mahatma Gandhi : dans le but de convaincre hindous et musulmans de déposer les armes, il entame en janvier 1948 une longue grève de la faim. Cette ultime privation sera vaine : Gandhi est assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindou qui le tient pour un traître, responsable de la partition du pays. Le monde entier pleure la mort de ce grand homme et ses cendres sont dispersées dans plusieurs grands fleuves du monde, comme la Tamise ou le Nil…

Ainsi a vécu celui qui restera comme un modèle pour beaucoup et qui, par sa pratique de la résistance non-violente, demeure une figure de l’autorité morale.

Jannick Denouël

 

Note de l’auteur :

Beaucoup pensent que l’ancienne première ministre de l’Inde (de 1966 à 1977) Indira Gandhi fait partie de la famille du Mahatma, mais il n’en est rien. Elle est en fait la fille de Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde de l’indépendance à sa mort en 1964, compagnon de route de Gandhi dans la lutte pour l’indépendance. Elle s’est mariée à un homme qui portait le nom de Gandhi mais qui n’avait aucun lien de parenté avec le Mahatma.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *