Noël à Greccio

Au centre de l’Italie, dans la région du Latium, se trouve une petite commune du nom de Greccio où François d’Assise aimait séjourner dans un ermitage. Celui qu’on appellera le « petit pauvre » méditait depuis longtemps sur le mystère de l’Incarnation, à savoir le fait que le Fils de Dieu s’était fait homme. C’est ainsi que, voulant voir de ses yeux ce qu’avait pu être la naissance de Jésus, il imagina de reproduire la scène que racontent les Evangiles. Thomas de Celano, un de ses biographes, nous rapporte comment François tint à se rendre compte par lui-même de tout ce qui avait pu se passer cette nuit-là. Un certain Jean fut chargé des préparatifs.

C’est ainsi que, cette fameuse nuit, François, entouré de nombreux frères et de la population de Greccio, arriva et put enfin contempler de « ses yeux de chair » la mangeoire remplie de foin, l’âne et le bœuf. Frère François resta debout tout au long de la veillée ; on dit même qu’il passa toute la nuit ainsi, comme en extase. Puis le prêtre commença à célébrer la messe devant la mangeoire qui servirait d’autel, ce qui n’était pas autorisé d’office. Un autre biographe, Saint Bonaventure, racontera qu’une permission avait été accordée par Rome. Quand vint le moment opportun, François, qui devait être diacre, revêtit la dalmatique et se mit à chanter l’Evangile d’une voix qui émut toute l’assistance. Enfin, dans l’homélie, il sut trouver les mots qui toucheraient les cœurs et, nous dit encore Celano, c’étaient « des mots doux comme le miel pour parler de la naissance du pauvre Roi et de la petite ville de Bethléem ». Ce n’était pas seulement la naissance d’un Enfant-Dieu que François voulait contempler, il souhaitait également connaître « tous les désagréments que Jésus endura dès son enfance ».

François était un passionné et il a bien compris cette nuit-là que la naissance de Jésus était d’abord un acte d’amour pour l’humanité et que cette veillée était propice pour rappeler aux hommes et aux femmes de son temps qu’elle était aussi, et surtout, une grâce divine. Le biographe raconte encore comment un homme de l’assistance eut une vision lui faisant apercevoir « couché dans la mangeoire un petit enfant immobile que l’approche du saint (François) parut tirer du sommeil ». Et il ajoute : « Cette vision échut vraiment bien à propos, car l’Enfant-Jésus était, de fait, endormi dans l’oubli au fond de bien des cœurs jusqu’au jour où, par son serviteur François, son souvenir fut ranimé et imprimé de façon indélébile dans les mémoires ».

 

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