NOËL dans nos provinces

A Noel, chaque région a hérité de traditions qui leur sont propres mais certaines disparaissent au fil du temps. Il y a toujours le traditionnel Noël alsacien avec la couronne de l’Avent, les marchés de Noël, l’arrivée de Saint Nicolas ;

Celui de la Provence avec les santons et les treize desserts… Voici quelques coutumes provinciales des Noëls d’antan parmi tant d’autres.

Le Noël breton donne lieu à des fêtes empreintes de magie et de légendes. On raconte qu’au moment où sonnent les douze coups de minuit, on peut parfois entendre le son des cloches des villes englouties et voir des menhirs sortir de terre pour boire l’eau des sources. Avant de partir pour la messe de minuit, une bûche enrubannée est allumée puis aspergée d’eau bénite et de sel tandis que les enfants récoltent dans leurs sabots pommes et oranges.

En Bourgogne, la veille de Noël, les enfants chantent de maison en maison et reçoivent des friandises. Une bûche est allumée dans la cheminée et doit brûler toute la nuit afin que la Vierge puisse venir s’y réchauffer. On creuse une autre bûche pour la remplir de gourmandises, fruits secs et fleurs séchées avant que les enfants ne l’attrapent avec un bâton. Puis le « père Janvier » dépose des étrennes dans les petits sabots. Au menu de Noël, les spécialités du terroir sont à la fête comme les escargots persillés, la fricassée de fressure (abats d’agneau) ou les œufs meurette.

En Auvergne, la veille de Noël, la table est dressée devant le foyer de la cheminée. Un chandelier en cuivre avec une chandelle enveloppée dans du papier gaufré est mis au centre d’une magnifique brioche puis placé au milieu de la table. La chandelle passe de main en main et chaque convive, à commencer par le plus âgé, l’allume, fait le signe de la croix puis l’éteint. Entre les mains du plus jeune, celui-ci, sans l’éteindre, la replace au milieu de la table où elle brille pendant tout le repas composé de lait bouilli et chaud, de saucisses fraîches et autres productions de la ferme, sans exclure la rasade de vin pétillant. La chandelle de Noël sera allumée au matin du premier jour de l’an et éclairera encore de ses dernières lueurs le jour de l’Épiphanie.

En Savoie, c’est un Noël blanc qui se vit dans la tradition de la veillée et de la messe de minuit. Quelques jours avant, la maîtresse de maison cuit le pain blanc des grandes occasions et prépare des rissoles (petits chaussons fourrés de confiture de fruits), des tartes ou des épognes (pâtisserie à base de pâte à brioche), tandis que les hommes fabriquent saucisses, jambons et boudins. La bûche de bois a aussi une place im­portante. Il faut la choisir bien dense pour qu’elle tienne dans l’âtre pendant toute la veillée.

La messe de minuit qui réunit tous les villageois après une longue marche dans le froid et la neige, est le moment le plus important et le plus at­tendu de la fête. Elle est aussi prétexte à l’interprétation de cantiques.

De retour à la maison, le maître des lieux commence par distribuer à ses bêtes du grain ou du sel béni. On dit même que, si le soir de Noël à minuit, les bêtes sont toutes couchées du même côté, c’est un bon présage pour l’année à venir. Accompagnée d’un bol de vin chaud ou de café, tout en écoutant quelques légendes de Noël, vient ensuite une légère collation avec les plats préparés quelques jours.

Au Pays basque, la traditionnelle veillée de Noël se fait autour du feu, des histoires, des chansons et de bons produits locaux. Un moment chaleureux et convivial qui rassemble toutes les générations. Traditionnellement, le 24 décembre au soir, des groupes de chanteurs vont quêter de maisons en maisons, accompagnés d’un mannequin assis sur une chaise représentant Olentzero. Selon la légende basque, ce personnage est un charbonnier qui vit dans la montagne où il fabrique du charbon de bois. Une fois l’an, juste avant Noël, il va par villes et villages distribuer des bûches aux pauvres afin que nul ne souffre du froid la nuit de Noël. De nos jours encore, Olentzero, monté sur un pottok (petit cheval sauvage du Pays basque), fait du porte à porte et distribue bonbons et friandises aux enfants qui ne manquent pas de l’accompagner et de lui faire cortège. Sa popularité s’est étendue à l’ensemble du Pays basque, et il tend à se substituer au Père Noël, distribuant les cadeaux aux enfants.

En Corse, dès le matin du 24 décembre, les enfants préparent le bûcher (rocchiu), destiné à être embrasé à la sortie de la messe de minuit. Le lendemain, les cendres sont ramassées par les villageois qui les déposent dans leur cheminée. Il y a aussi la coutume des sept veillées où des petits groupes de jeunes gens vont rendre visite à sept familles du village avec une bûche comme présent pour chauffer l’âtre. Ils restent autour du feu pour discuter et partager les pâtisseries préparées par la mère de famille. Le repas de Noël fait appel aux traditions culinaires corse avec, entre autres, la coppa, le cabri rôti et la bûche à la châtaigne.

Et en Outre-Mer ? Bien que Noël soit célébré sous le chaud soleil des tropiques, la tradition est toujours présente comme… à la Réunion où Noël symbolise des moments de retrouvailles en famille et dans les maisons, une branche de filao(1) fait office de sapin. A la messe de minuit, les chants de Noël montent des églises. Les familles se retrouvent ensuite pour un repas de fête réunionnais composé de riz, cari, rougail, litchis et mangues.

Aux Antilles, les cannes à sucre sont en fleurs mais la tradition du « chanté Nwel » est toujours présente. Chants d’amour et d’espoir, ces cantiques sont entonnés au coucher du soleil à partir du premier dimanche de l’Avent. Après la messe de minuit, des groupes se déplacent de maison en maison pour fêter la Nativité et partager le repas de fête : boudin antillais, ragoût de porc, jambon caramélisé au sucre roux puis un blanc manger au lait de coco avec coulis de fruits rouges ; sans oublier le schrubb, punch aux écorces d’orange, préparé dès la fin novembre et macéré dans le rhum, au soleil, jusqu’au réveillon.

A Tahiti, Noël se décline en rouge et blanc. Dès le début décembre, les festivités commencent à l’école où les enfants chantent en tahitien, dansent et jouent des musiques traditionnelles. Le sapin est remplacé par le aïto(1) (qui signifie arbre de fer) et les décorations sont principalement florales. Dans la rue, des Tahitiens arborent leur bonnet de noël. Le 24 décembre au soir, les femmes s’habillent en blanc, les hommes en blanc ou en rouge et blanc pour se rendre à la messe. C’est également l’occasion d’entendre les chants traditionnels appelés Himene ; on chante et on danse. Le repas de Noël en famille est composé de cochon grillé et de poisson cru. Tout le monde se réunit autour du aïto(1) pour attendre le père Noël (Tane metua Noëra) qui apporte des cadeaux aux enfants comme en métropole.

 

       

*aïto, filao : arbre des tropiques dont le nom varie selon les pays et pouvant atteindre 30 mètres de haut.

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