Emmanuel Vialar, architecte de la Cité Sainte-Avoye à Meulan et Nicolas Canu, conducteur de travaux de la société Génétin, chargée du gros œuvre
La Cité Sainte-Avoye s’achève. Avant son ouverture prévue en juin, nous avons souhaité aller à la rencontre de son architecte et du principal responsable de la construction pour évoquer la réalisation de ce projet.
Bonjour messieurs, merci de nous accorder un peu de votre temps. Tout d’abord pouvez-vous vous présenter ?
Emmanuel Vialar, (EV) (à droite sur la photo) de J&E architecture à Versailles. Notre agence existe depuis 2016, année de création avec mon associé. Mon activité a commencé en 1995 en libéral. J’ai une expérience dans le domaine scolaire de la maternelle à la terminale et en particulier dans l’enseignement catholique diocésain, les locaux paroissiaux, les logements pour prêtres âgés. J’ai également réalisé des constructions d’écoles Montessori, d’EHPAD, des immeubles de logements sociaux ou non et quelques maisons de particuliers.
Nicolas Canu (NC) (à gauche sur la photo) : Je suis conducteur de travaux dans la société Genetin SAS à Frépillon dans le Val-d’Oise. Après mon bac scientifique, option sciences de l’ingénieur, j’ai intégré en 2015 un BTS bâtiment au lycée Galilée, à Cergy en alternance avec l’entreprise Genetin. Après l’obtention de mon BTS, je suis parti à l’école supérieure de conduite de travaux à Montreuil et j’ai validé une licence de chargé d’affaires et enchaîné un master européen en management et développement de la construction au sein de l’université de Dundee en Ecosse et un diplôme de directeur de travaux (diplôme français). Depuis 2020, je suis en CDI dans l’entreprise Génétin. En septembre 2025, cela fera dix ans que j’aurai intégré cette entreprise.
Celle-ci a été créée en 1947 par monsieur Génétin et s’est poursuivie sur deux générations. Actuellement, c’est le petit-fils qui a repris l’activité. C’est une entreprise générale de bâtiment qui comporte environ trente salariés. Elle est spécialisée dans le gros œuvre et la maçonnerie aussi bien sur des marchés publics que privés : écoles, pavillons en neuf ou en réhabilitation. Nous pilotons également Tout Corps d’Etat (TCE). Pour la Cité Sainte-Avoye, nous assurons avec des sous-traitants le carrelage, la faïence, l’étanchéité, les VRD (Voirie et Réseau Divers) et le ravalement. Nos chantiers sont essentiellement dans le Val-d’Oise et les Yvelines ainsi que dans Paris intra-muros et sa périphérie.
Avant de revenir sur la construction, je me tourne vers vous, l’architecte, pour évoquer la préparation du projet.
EV : Les premières consultations remontent à quatre ou cinq ans. D’abord avec votre curé, le père Eric, il fallait identifier les besoins : loger les sœurs avec un oratoire, créer un habitat pour un ou deux prêtres et bien entendu, y implanter un accueil et les salles paroissiales. Je n’ai joué, à ce moment-là, qu’un rôle de conseiller. Une fois le feu vert donné, nous avons été mis en concurrence avec un autre cabinet d’architecte pour proposer un projet répondant aux attentes.
Sur les indications du père Eric, nous avons pris l’option d’avoir un centre ouvert et tourné vers l’église. De plus, les logements bénéficieraient d’une vue sur Hardricourt et la vallée. Enfin il fallait préserver l’indépendance entre habitations et locaux paroissiaux.
La concertation avec le père Eric, « le groupe projet » de la paroisse dont fait partie Pauline Garabiol, elle-même architecte, les sœurs et les paroissiens, a été des plus fructueuses. Notre projet a été retenu ; nous pouvions passer à la phase de finalisation détaillée et au dépôt du permis de construire. Celui-ci ayant été adopté après quelques aménagements demandés par l’architecte des bâtiments de France, les travaux purent débuter fin février 2024.
Abordons la construction, en tant que conducteur de travaux pouvez-vous évoquer les particularités de ce projet ?
NC : Après la démolition de l’existant et le terrassement du terrain, la priorité était de décaisser le talus le long du mur côté route selon une technique particulière. Il faut procéder par petits tronçons : retirer la terre et monter un mur de soutien. Cette opération s’est réalisée en plusieurs étapes afin de ne pas risquer un effondrement du mur existant et de la rue.
EV : Cette étape a été particulièrement difficile pour les ouvriers car la météo a été pluvieuse de février à juillet. Ils étaient donc obligés de travailler dans la boue. Il faut les féliciter pour leur professionnalisme.
NC : Par rapport à ce projet, j’évoquerai une autre particularité. Tout le gros œuvre des surfaces dédiées à la paroisse en rez-de-chaussée a été réalisé en béton blanc. Cela nécessite une technique particulière car rien ne recouvre le béton ; il faut donc que la surface soit sans défaut. Nous avons scrupuleusement suivi les recommandations techniques pour obtenir le résultat escompté.
EV : J’ai fait le choix de ce matériau car il donne une apparence pierre et un bon rendu lumineux. Effectivement, il nécessite une grande rigueur de mise en œuvre, ce qui a été le cas.
Vous mentionnez, à travers certaines particularités du projet, la qualité du travail. Les entreprises du bâtiment évoquent souvent les difficultés à recruter du personnel qualifié. Est-ce le cas pour vous ?
NC : Nous avons la chance dans la société Genetin d’avoir une certaine fidélité du personnel, ils ont en moyenne dix à quinze ans de présence dans l’entreprise. Quant aux compétences, nous pouvons nous appuyer sur les anciens pour former les plus jeunes. Actuellement Manuel, qui est notre chef de chantier, travaille dans le bâtiment depuis longtemps, ayant découvert le métier tout jeune avec son père. Son expérience accumulée est exceptionnelle. Par ailleurs, nous avons des sous-traitants fidèles qui nous permettent de maintenir la qualité du travail dans la durée.
Au niveau qualité du travail, nous remarquons deux réalisations spectaculaires : la croix sur le pignon de gauche en entrant dans la cour et le mur en pierre à gauche du portail d’entrée et sur la façade arrière du bâtiment coté jardin Berson.
EV : Oui le travail est remarquable ; pour ce qui concerne la croix, elle a été réalisée à la demande du père Eric et de Rémy Gitton, architecte représentant le diocèse, maître d’ouvrage du projet. La technique est de mettre une plus grande épaisseur d’enduit de ravalement un peu plus claire et surtout de faire un gratté différent par rapport à celui des murs.
NC : Pour ce qui concerne les murs en pierre, là encore une technique particulière a été utilisée : ce sont des moellons taillés à la main solidarisés à la façade par cinq fixations par m².
EV : Je voudrais également évoquer une réalisation spécifique, invisible de l’extérieur ; le système de captation des eaux de pluie. Sous la cour, une citerne de grande capacité a été réalisée afin de les recevoir. Ce système permet d’éviter un afflux trop important et de réguler le rejet dans le réseau de la ville.
Félicitations aux ouvriers pour ce remarquable travail, il nous faut déjà conclure. Je me tourne vers vous M. Vialar, véritable chef d’orchestre ; qu’aimeriez-vous souligner pour clore cet entretien ?
EV : Ce projet s’est réalisé dans un lieu inspirant, proche de l’église, avec une vue remarquable sur la vallée et sur le jardin de Berson. Ce lieu a permis également de jouer sur les différents niveaux et de créer un écrin autour de la cour. Une bonne fluidité s’est installée dans les relations avec les différents acteurs : la mairie, l’architecte des bâtiments de France, M. Noblanc, dont l’apport a participé à l’évolution de cet ensemble. Relations fluides bien sûr, avec le père Eric, le groupe projet, les sœurs, les paroissiens et Rémy Gitton, représentant le diocèse. Les échanges étaient fructueux, chacun a joué son rôle et tiré dans le même sens. J’apprécie beaucoup de travailler sur ce type de réalisation car la finalité est de créer un bel outil au service des paroissiens ; l’ambiance générale du projet s’en ressent nettement.
Un grand merci pour votre disponibilité. Nous mesurons mieux la spécificité de cet ensemble immobilier, l’impulsion du père Eric avec le groupe projet ainsi que la qualité et le professionnalisme de tous ceux qui ont contribué à la création de la Cité Sainte-Avoye. Merci pour cette belle réalisation et nous avons hâte en tant que paroissiens de découvrir ces lieux dont l’inauguration par Mgr Luc Crepy est prévue le dimanche 23 novembre ; ils seront au service des chrétiens et de tous les habitants de notre secteur.
Il n’est pas trop tard pour chacun d’apporter son soutien financier à ce projet soit avec le lien : https://donner.catholique78.fr/Centre-paroissial-Meulan
, soit en flashant le QR code suivant :
Propos recueillis par Yves Maretheu