L’exposition universelle et la tour Eiffel

Au début de la révolution industrielle, naissent les expositions dites « universelles ». Le premier objectif de ces grandes manifestations est principalement de diffuser au public, dans un but d’enseignement, les progrès réalisés et les perspectives d’avenir de l’activité humaine. Les expositions universelles sont l’occasion de grands travaux architecturaux où chaque pays dispose d’un espace réservé. Elles ont lieu tous les cinq ans en moyenne pour une durée d’environ six mois. Le thème correspond à un défi universel présenté sur une superficie illimitée : l’expo de 2020 à Dubaï par exemple couvrait 438 ha.

La première exposition universelle fut organisée à Londres en 1851. Devant ce succès éclatant, un million de visiteurs et cinq millions de bénéfice, de nombreux pays proposent d’organiser à tour de rôle des rassemblements identiques visant à faire connaître la création industrielle au public. Invitée d’honneur, la France de Napoléon III tient la plus grande place de la section étrangère. Aussitôt visitée, aussitôt décidé, l’empereur annonce immédiatement la première exposition universelle française pour 1855. Paris en organisera quatre autres : 1867, 1878, 1889 et 1900.

Donnant également lieu à des commémorations et des réceptions somptueuses, elles permettent aux pays organisateurs de construire d’extraordinaires pavillons et de transformer la ville hôte. Chacune est l’occasion de construire des édifices dont la majorité d’entre eux rappelle la grandeur de l’évènement.

La plupart des bâtiments édifiés dans le cadre de cette manifestation ont disparu. En France, le palais des industries sur les Champs-Elysées construit en 1855 fut détruit en 1896 et remplacé par les actuels Petit et Grand Palais. Pour la deuxième exposition de 1878, le Palais du Trocadéro vit le jour avant d’être supplanté par le Palais de Chaillot en 1935 alors que le premier ascenseur fut l’attraction de la troisième édition de 1867. L’année 1900 est l’occasion pour les cinquante millions de visiteurs de voir encore plus de nouvelles inventions comme le cinéma des frères Lumière, le trottoir roulant pour se déplacer d’un bout à l’autre de l’exposition, le palais de l’électricité, … mais également l’inauguration de la première ligne du métro parisien.

La quatrième exposition a revêtu un caractère très particulier. En effet, 1889 célèbre le centenaire de la Révolution française et la puissance de l’industrie nationale sous les auspices de la République et de son empire colonial. Triomphe de l’architecture métallique du XIXème siècle, la tour Eiffel en est le symbole éclatant. Ingénieur de formation, Gustave Eiffel, décédé en décembre 1923, a construit de par le monde des centaines d’ouvrages métalliques en tout genre. Si les ponts et particulièrement les ponts de chemin de fer ont été son domaine de prédilection, il a jalonné sa carrière d’une belle série de réalisations dont se détachent les deux viaducs quasi jumeaux de Porto (1876) et Garabit dans le Cantal (1884), la gare de Budapest (1877), la structure de la Statue de la Liberté à New-York, … et bien sûr la tour portant son nom.

En quelques chiffres, la tour c’est 18 000 pièces métalliques, 50 ingénieurs et dessinateurs, 150 ouvriers dans l’usine de Levallois-Perret, 150 à 300 sur le chantier, 2 500 000 rivets, 7 300 tonnes de fer, 60 tonnes de peinture, 5 ascenseurs. Malgré la dangerosité du travail, on ne dénombra aucun accident mortel pendant les 2 ans, 2 mois et 5 jours que dura sa construction. Symbole de la France, vitrine de Paris, le monument le plus visité au monde accueille plus de sept millions de touristes par an dont 75% d’étrangers. Et pourtant, de violentes oppositions se sont élevées chez les intellectuels, écrivains et artistes de l’époque.

Destinée à durer seulement vingt ans, elle fut sauvée par les expériences scientifiques qu’Eiffel favorisa : premières transmissions radiographiques, télécommunications, émissions de radio dès 1925 puis de télévision jusqu’à la TNT plus récemment.

Au fil des décennies, elle a connu des exploits, des illuminations et des visiteurs prestigieux. Elle a toujours inspiré les artistes et les défis et est encore le théâtre de nombreux évènements de portée internationale : mises en lumière, spectacles pyrotechniques… Malgré ses cent trente-cinq ans, nul doute que cette vieille dame saura encore nous émerveiller et faire rayonner l’image de notre pays à travers le monde !

Geneviève Forget

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *