Vie consacrée et nouvelle évangélisation

Si on admet que la nouvelle évangélisation se caractérise avant tout par l’accent mis sur l’amour de Dieu pour l’humanité, on peut affirmer qu’elle a vu le jour sous l’impulsion du Christ juste avant le 18ème siècle et la tourmente dans laquelle allait être jetée l’Eglise.

En effet, c’est en 1675 qu’apparaît notre Seigneur à une visitandine de 28 ans, sœur Marguerite Marie, à Paray-le-Monial. Cette intervention en personne du Christ indique d’une part, la gravité du moment et d’autre part, la nécessité impérieuse de réorienter toute vie spirituelle et ecclésiale vers la seconde personne de la Trinité. Montrant son cœur à la jeune religieuse, Jésus lui dit « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitude ».

Depuis, les enseignements du Christ et l’Eglise n’ont jamais cessé d’être attaqués en même temps que surabondait la grâce, dont on peut remarquer qu’elle est beaucoup passée par des femmes et des femmes consacrées. Leur vie sera souvent courte et marquée par de violents combats pour faire admettre la vérité.

A la tête de toutes, il y a Marie, dont les apparitions se multiplient, le plus souvent à des jeunes filles dont certaines sont ou deviendront religieuses comme sainte Catherine Labouré de la rue du Bac (1830), sainte Bernadette de Lourdes (1858) ou la carmélite sœur Lucie de Fatima (1917).

Le pape François ne s’y est pas trompé et interprète la présence intensifiée de Marie comme un signe des temps nouveaux, écrivant à la fin de « La joie de l‘Evangile » : « Etoile de la nouvelle évangélisation, aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion ».

Deux cents ans après l’annonce du Sacré Cœur, en 1873, une autre messagère apparaît : sainte Thérèse de Lisieux. Elle aussi satisfait aux critères des apôtres des temps nouveaux : c’est une jeune carmélite et la fulgurance de son passage sur terre sera marquée par l’épreuve pour affirmer dans l’Eglise la nécessité de l’apostolat par l’amour (« Dans l’Eglise je serai l’amour » Histoire d’une âme)

Huit ans après le départ de la petite Thérèse, naît en 1905 en Pologne sainte Héléna Kowalska, en religion sœur Faustine. Par elle, Jésus va faire connaître ce qu’il appelle « L’ultime planche de salut avant la justice » (Petit Journal, 997) : l’importance de la miséricorde de Dieu.

L’ordre du Carmel étant placé sous l’autorité de Marie, ne soyons pas étonnés d’y trouver dans la suite du 20ème siècle, deux autres jeunes apôtres : la bienheureuse Elisabeth de la Trinité, morte à 26 ans, si connue pour son amour des trois personnes divines et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix ou Edith Stein, offrant sa vie en témoignage de sa foi en Jésus-Christ.

Autre figure féminine de la nouvelle évangélisation : Marthe Robin. Aspirant à la vie consacrée, rendue impossible par sa santé fragile, elle en a néanmoins respecté les trois vœux de chasteté, pauvreté et obéissance. Elle avait la conviction intérieure qu’allait venir une « nouvelle Pentecôte d’amour » sur le monde, selon les termes utilisés par Jean XXIII et Jean-Paul II. Laïque, Marthe sentait la nécessité d’opérer un profond changement dans l’Eglise. Elle intercédait pour qu’ait lieu sur le monde une « nouvelle effusion de l’Esprit » et a également beaucoup prié au moment de Vatican II. Et elle a été entendue !

Dans les années soixante en effet, en même temps que semblent vaciller les structures traditionnelles de l’Eglise : crise des vocations sacerdotales, raréfaction de la pratique et de l‘accès aux sacrements, réforme des mœurs, on voit jaillir de nouvelles formes qui, par la place donnée aux laïcs et à l’expérience personnelle, suscitent d’abord la perplexité d’une bonne partie du monde clérical. Marthe Robin, elle, soutient plus d’une vingtaine de communautés nouvelles, œuvrant de toutes ses forces au renouveau de l’Eglise.

Et les fruits sont là ! En 1968, à Natividad, au Brésil, la Vierge Marie déclare : « Je suis la messagère de la foi et de l’amour pour la chrétienté traumatisée par la discorde, au milieu d’une humanité menacée dans sa spiritualité. A l’Eglise de mon Fils, gardienne et première interprète de sa doctrine, et dont je suis aussi la Mère, j’adresse l’exhortation suivante : que sans renoncer à son essence et à ses valeurs fondamentales, elle poursuive avec sagesse et prudence l’adaptation de son action aux temps actuels, afin de mieux accomplir sa mission spirituelle, mission sacrée, évangélisatrice surtout. »

En cette année de la vie consacrée, remercions Dieu d’avoir suscité tant de vocations fécondes et reconnaissons leur inestimable apport aux nouveaux aspects de l’Eglise d’aujourd’hui.

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