CLAIRE BIZET, directrice de la ferme ROZ à Tessancourt-sur-Aubette

Vous savez combien nous avons à cœur aux Echos de Meulan, de vous faire découvrir des personnalités, des activités ou des lieux insolites. Ce mois-ci, nous sommes allés à la rencontre de Claire Bizet qui gère et anime la ferme pédagogique ROZ à Tessancourt-sur-Aubette.

Bonjour Madame Bizet, merci de nous recevoir pour nous faire découvrir votre ferme pédagogique. Tout d’abord depuis combien de temps êtes-vous installée à Tessancourt-sur-Aubette et en quoi consistent vos activités?

Je me suis installée au moulin d’Orzeau depuis 2012 mais j’ai démarré mon activité en 2008 à Villiers-Adam dans le Val d’Oise. Nos activités sont variées mais toutes sont tournées vers la relation Homme–animal pour faciliter la proximité, l’observation et les contacts avec les animaux et la nature. Notre ferme se veut être pédagogique, éducative, thérapeutique et ludique. Une de ses particularités est que la ferme est aussi itinérante afin de se rendre auprès des personnes ne pouvant pas se déplacer ou encore de recréer un espace «nature» éphémère en ville.

La ferme ROZ se déplace pour faire découvrir l’histoire de la ferme et de ses animaux au travers l’animation d’ateliers ludiques et interactifs. Nous nous déplaçons avec nos animaux en Ile-de-France et dans les départements limitrophes à la ferme. Nous nous rendons au sein de structures tels que les écoles, les établissements spécialisés, les maisons de retraite, les crèches et haltes garderie où la ferme ROZ devient un outil pédagogique, éducatif, thérapeutique et récréatif en fonction des attentes de nos interlocuteurs, mais également au sein de communes, de CE ou encore d’association de commerçants, pour des évènements festifs. A titre d’exemple, cela fait deux ans que nous sommes présents au festival des fromages à Meulan.

Le deuxième grand volet de notre activité est l’accueil de ces différents publics sur place où nous avons aménagé des espaces accessibles et protégés.

Comment vous est venu le goût pour créer une ferme pédagogique, avez-vous une formation spéciale?

Je suis éducatrice spécialisée de formation. J’ai travaillé plusieurs années auprès de personnes en grande errance et également auprès d’enfants et adolescents souffrant de troubles psychiques. Passionnée par les animaux, leur sensibilité, leur mode de communication, c’est tout naturellement que j’ai lié ma pratique professionnelle avec le monde animalier.

En effet, n’est-il pas vrai que cajoler son chien ou son chat nous procure un certain bien-être? Et ceci est vrai pour « presque » tous les êtres humains, quels que soient leur âge, leur sexe, leur couleur de peau, leur religion, et même leur état physique et psychique.

Pendant quelques années, je me suis documentée et formée sur la relation Homme-animal et y ai découvert une toute autre manière d’éducation à la vie…

Et c’est ainsi que depuis 2008, je me consacre à l’aide aux personnes par la relation à l’animal. Mais cette démarche commence par le respect et le bien-être des animaux, des animaux heureux, ayant des bonnes conditions de vie et vivant dans un havre de paix. Une condition nécessaire pour que l’alchimie opère entre l’animal et l’homme.

J’ai choisi de travailler avec des animaux dits «de rente», c’est-à-dire de boucherie, car tout comme les chats et les chiens, ce sont des animaux dotés d’une grande sensibilité, très réceptifs à ce qui les entoure et qui obligent l’hôte à observer et à chercher à composer afin de gagner la confiance. De plus, ces animaux, intelligents savent parfaitement jouer de l’humain (tendres avec les plus petits, les personnes sensibles et fragiles et malins avec les plus chenapans).

Combien êtes-vous pour gérer ces activités?

A la ferme, nous sommes trois personnes à temps plein: Charlène Soulier et Leslie Zergane sont toutes deux animatrices polyvalentes, et moi-même, qui dirige la ferme. Leslie est en contrat civique dans le cadre d’une mission d’utilité publique. En effet, elle vient de finir son master 2 d’éthologie(1) et vient découvrir les relations animal-homme à la ferme.

Nous sommes également soutenus par quelques bénévoles pour des aides ponctuelles nécessitant plus de personnes: travaux d’aménagement de bâtiments et de clôtures en particulier.

Revenons à la ferme, vous êtes dans un ancien moulin, pouvez-vous nous présenter les lieux?

En effet, mon lieu d’habitation est le moulin d’Orzeau qui, d’après les récits des anciens de Tessancourt, aurait servi à produire de la farine et, durant la guerre, de lieu de rechargement de batteries. La propriété, comporte une superficie de 6,5 hectares, des prairies, des forêts et des bâtiments agricoles où vont paître une centaine d’animaux: chevaux, ânes, chèvres, moutons, cochons, lapins et volailles en tous genres. Certains animaux sont des animaux dont la race est menacée de disparition, comme le mouton de l’ile d’Ouessant, la chèvre poitevine, pour ne citer qu’eux. D’autres sont âgés et nous leur procurons une fin de vie paisible pendant que les plus jeunes participent aux activités itinérantes.

Certains de nos animaux ont échappé à l’abattoir, tel notre cheval Mister qui n’étant plus assez performant aux compétitions était condamné, ou encore nos poules sorties de l’enfer d’un élevage peu scrupuleux, mais aussi quelques-uns de nos lapins et nos cochons d’Inde abandonnés après être arrivés à l’âge adulte, beaucoup moins mignons, et quelques-unes de nos chèvres, mignonnes mais trop envahissantes….

Avez-vous des activités tournées vers la vente de produits de la ferme (2)?

Non, nous ne faisons pas d’élevage; notre seule activité dans ce domaine est la vente de miel artisanal produit dans nos ruches car je suis également apicultrice.

Comment faites-vous sur le plan financier pour entretenir la ferme, nourrir, soigner les animaux et développer votre activité?

Nos revenus viennent uniquement des prestations que nous réalisons. En effet, celles-ci sont payantes. Leurs coûts varient en fonction du type de manifestation.

Ce n’est pas toujours facile car il faut faire face à de nombreuses charges liées aux animaux, à l’entretien des lieux, aux frais de personnel, à l’entretien des camions de transport pour permettre l’itinérance de la ferme.

Nous cherchons à mettre en place des partenariats visant à réduire nos coûts de fonctionnement, comme celui avec le Simply market de Tessancourt qui nous permet de récupérer tous les fruits et légumes retirés de la vente. Cet apport est très important pour nous et nous les en remercions.

Nous cherchons également une boulangerie qui pourrait nous offrir leur invendu de pain, mais également des bénévoles ayant des compétences en bricolage ou tout simplement disposant de quelques heures pour nous aider aux travaux de la ferme: attention c’est du travail physique(3).

Comment se répartit votre activité et quels sont vos projets ?

Ayant commencé en tant que ferme itinérante, c’est cette activité qui prédomine, encore maintenant. Mais depuis plus d’un an que nous sommes en mesure d’accueillir des groupes à la ferme, cette activité croît fortement.

Ayant observé que les adultes handicapés avaient plus d’empathie avec des grands animaux tels les ânes et les chevaux, nous souhaitons aménager un espace approprié telle une «carrière» c’est-à-dire un espace avec du sable au sol, entouré de barrières. Et le partenariat avec un moniteur d’équitation qui permettra de développer un travail thérapeutique adapté aux différents handicaps.

Effectivement de plus en plus d’activités se développent dans ce domaine, la relation de l’enfant ou de l’adulte avec des animaux ayant des vertus pédagogiques remarquables.

Cela vous amène probablement à mettre en place vos activités en lien avec différents professionnels?

Oui, nous adaptons nos interventions en fonction de la demande et cela nous amène à une concertation et une complémentarité avec les différents professionnels que nous rencontrons: enseignants, thérapeutes, ergothérapeutes, éducateurs, psychomotricien, kinésithérapeutes, etc.

L’évolution des connaissances est spectaculaire et nous nous réjouissons de contribuer aux progrès des méthodes pédagogiques grâce à la relation de l’Homme et de l’animal.

Notre équipe de passionnés anime des ateliers visant à soutenir les objectifs des professionnels des établissements concernés, en leur apportant une dimension vivante et ancrée dans le réel. Émotions, souvenirs, échanges et rires sont garantis !

Un grand merci pour votre accueil et votre disponibilité, pour la découverte de vos activités et pour votre contribution à l’épanouissement des enfants, des jeunes et des adultes, qu’ils aient un handicap ou non.

Propos recueillis par Yves Maretheu)

  1. Master d’éthologie: seul master ou les deux années d’études sont dédiées à la biologie du comportement

  2. Site internet: la ferme d’Oz

  3. Pour tous contacts: Tel 06 73 75 36 19

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