Le sens de la danse dans la liturgie africaine

A la différence des célébrations liturgiques en Europe qui sont pour la plupart brèves et expéditives et avec des participants quasi silencieux, nous avons affaire en Afrique à des célébrations liturgiques longues, dansantes et festives. Quelles raisons anthropologiques et théologiques pouvons-nous donner à cette importante place qu’occupe la danse dans les célébrations en Afrique ?

La danse est l’expression d’une vie communautaire et participative. Les danses et chorégraphies qui ont lieu au sein de la liturgie ne sont pas inventées par les chrétiens. Elles existent déjà dans la société traditionnelle et précisément dans les différentes phases d’activités humaines. Il y a des mélodies et des rythmes pour la célébration de la naissance d’un enfant, pour le travail champêtre, pour la célébration des obsèques et pour les réjouissances populaires diverses etc. Plusieurs cantiques religieux ont emprunté leurs mélodies à ces chants populaires en y mettant des mots et des rythmes qui communiquent le message évangélique. Les mouvements d’ensemble au sein de la liturgie expriment ainsi une unité de toute la communauté chrétienne et l’unité de celle-ci avec la société entière par le lien de la prière et de l’amour.

La danse liturgique a une dimension existentielle.

L’ancrage des chorégraphies et mouvements corporels n’est pas à trouver dans une sensibilité superficielle ou émotive, mais dans le vécu réel de la personne. Il s’agit de sa foi vécue dans sa chair. La danse n’est pas simplement un exutoire inconscient, mais un moyen de s’exprimer de fond en comble. Dans les moments de deuils, de tristesse, de maladie ou de souffrances quelconques, la prière se fait insistante et persévérante par l’abandon de tout son être entre les mains de l’Eternel. En temps de joie, de réussite ou de paix, c’est une action de grâce à Dieu qui se veut manifeste et débordante, sans réserve. C’est une parole gestuelle, symbolique et corporelle. Le fidèle va ainsi à Dieu dans une relation personnelle, naturelle et confiante. Par la danse, l’Africain exprime sa spontanéité et sa simplicité. Il se présente à Dieu tel qu’il est, en enfant qui s’émerveille, s’exclame et se meut en pleure ou en joie très facilement. Conformément à la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II, « La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien,  « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5). » (Sacrosanctum Concilium, n° 14).

Père Gilbert Ngadang, Doyenné de Meulan

 

Photo : Une chorégraphie en pleine messe au Cameroun par l’Association des Femmes Catholiques.

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