Donner des noms d’oiseaux

Tête de piaf, poule mouillée, triple buse, vieille chouette, grosse dinde, … : que voilà donc une série d’insultes dignes de figurer dans la bouche d’un certain capitaine croqué par Hergé. Il paraîtrait que l’idée d’humilier une personne en lui jetant au visage une bordée d’injures liées aux noms d’oiseaux ait été initiée par Mathurin Jacques Brisson répondant à Buffon : « mais ferme donc ton bec étroit de phalarope » et qui, aujourd’hui, nous a conduits à l’expression « donner des noms d’oiseaux ».

 

Quand on parle de drôle d’oiseau, d’oiseau rare ou même de bel oiseau, nous faisons référence bien souvent à un personnage ou individu douteux et cela généralement de façon ironique.

De certaines femmes on dit que ce sont des poules, pies, oies, bécasses ou dindes, quelquefois grues et cela évoque immédiatement leur condition. Mais les hommes en ont aussi leur part, jeunes et bêtes, écervelés, efféminés ou bien bagarreurs et arrogants, ils se voient affublés des sobriquets de tête de linotte, de pintade ou encore de petit coq, de perdreau de l’année, de corbeau et de vautour et se retrouvent de temps en temps, les dindons de la farce entre pigeons et faisans, triples buses, perdreaux, butors, bécasses et bécassines.

L’amoureux trouvera sa petite amie chouette et l’appellera de façon charmante « ma petite mésange » ou « ma petite caille ». Et s’il ne baye pas aux corneilles, il pourra peut-être siffler comme un merle et être gai comme un pinson avant de devenir un vieux hibou après avoir été choyé comme un coq en pâte et alors il réalisera son chant du cygne dans un endroit ravitaillé par les corbeaux.

Quant à elle, sans être une oie blanche mais bavarde comme une pie et innocente comme la blanche colombe, même si elle n’a pas une cervelle de moineau, fascinée par ce miroir aux alouettes, il se peut qu’elle pratique la politique de l’autruche et peut-être, poussera-t-elle des cris d’orfraie en mettant sa bouche en cul de poule quand elle se rendra compte qu’il est devenu un vieux rossignol et regrettera de n’avoir pas eu plus tôt un regard d’aigle ou un œil de faucon.

Bien sûr, tout cela ne casse pas trois pattes à un canard et ne vaut rien d’autre que de la roupie de sansonnet, mais faute de grives, on mange des merles.

Merci à vous de ne pas me voler dans les plumes car je me suis tout de même levé au chant du coq, avec les poules afin de rendre cet article dans les temps pour ne pas être le vilain petit canard des Echos de Meulan.

 

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