1945 : les françaises se rendent aux urnes pour la première fois

Un droit accordé plus tôt dans d’autres pays

La France n’accorda le droit de vote aux femmes qu’à la fin de la seconde guerre mondiale alors qu’elles pouvaient voter dans de nombreux pays comme l’Allemagne (1919), l’Espagne et la Turquie (1931). En 1918, les femmes britanniques obtinrent le droit de vote à partir de 30 ans ; l’égalité fut établie dix ans plus tard. Néanmoins, des pays firent moins bien que la France comme la Belgique (1948) et la Suisse (1971).

La première république dont la constitution énonce clairement le droit de vote des femmes est la république de Corse en 1755, treize ans avant l’achat de l’île par Louis XV. En 1789, seuls les hommes de plus de 25 ans payant un impôt direct ont le droit de voter. Les Françaises réclament alors le droit de vote. Olympe de Gouge, considérée comme l’une des pionnières du féminisme, écrira dans ses déclarations des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit aussi avoir le droit de monter à la tribune ». Elle sera condamnée et guillotinée pour violences verbales envers les révolutionnaires.

Les suffragettes et le mouvement féministe

Au début du XXème siècle, le terme de suffragette apparaît en Grande-Bretagne avec la création par Mrs. Pankhurst de l’Union Politique et Sociale des femmes. Des Françaises comme Hubertine Aubert, Louise Weiss ont été d’ardentes défenseuses du droit de vote. Les mouvements féministes de l’époque ne furent qu’épisodiques, marqués par des regroupements, des ruptures et des mésententes. Devant le mutisme des gouvernements, le mouvement pacifiste devint violent et les arrestations furent nombreuses.

Pendant la première guerre mondiale, les femmes devinrent indispensables au bon fonctionnement de l’économie et de la société en remplaçant les hommes partis au front. Ne pouvant ignorer leur patriotisme, la Chambre des députés, à plusieurs reprises, proposa de donner le droit de vote aux femmes de plus de 30 ans pour les seules élections municipales. Mais brandissant la menace de l’Eglise, séparée de l’Etat depuis 1905, le Sénat bloqua la réforme ; de nombreux sénateurs redoutaient que les femmes soient trop influencées par les prêtres, d’autant que le pape Benoit XV se prononçait officiellement pour le vote des femmes en 1919. En réalité, la société de l’époque attribuait le rôle des hommes aux affaires publiques et celui des femmes à la gestion du foyer..

Les Françaises obtiennent le droit de vote en 1944

Pendant l’occupation, de nombreuses femmes ont rejoint les rangs de la Résistance. Un engagement qui conduira la France libre du général de Gaulle à reconnaître l’égalité économique et politique des sexes ; « C’est pendant l’Occupation que les mentalités ont changé et c’est dans la Résistance que les femmes ont gagné le droit de voter et d’être élues. Elles ont montré leur courage et pris des risques fous. Il est impossible de leur dénier encore le droit de vote ».

Par décret du 21 avril 1944, le gouvernement provisoire de la République siégeant à Alger, accorde le droit de vote aux femmes par 51 voix pour et 16 voix contre.

Malgré le machisme des journaux de l’époque qui se demandaient avec condescendance si les femmes sauraient mettre leur bulletin dans l’urne, les Françaises se rendirent aux urnes pour la première fois le 29 avril 1945 lors des élections municipales puis en octobre pour les législatives. Sur 586 députés élus, 33 d’entre elles entrèrent à l’Assemblée.

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