Le masque et l’Histoire

Le masque, destiné à protéger, dissimuler, représenter ou imiter un visage, assure de nombreuses fonctions variables selon les lieux et l’époque. Protection, simple divertissement ou associé à un rite, œuvre d’art ou produit normalisé, il se retrouve sur tous les continents. Il est tantôt associé à des festivités (Halloween, Mardi gras…), tantôt à une fonction (relique funéraire) et peut aussi représenter des animaux.

Le masque a tenu une place étonnante dans le cours de notre civilisation. Son usage remonte à la nuit des temps. Dans un grand nombre de cultures, le masque fait partie de tout un rituel sacré. A l’origine, il avait une fonction funéraire. Dans les nécropoles d’Egypte, il est une simple feuille d’or dont on moule le visage des morts pour en conserver les traits intacts avant d’être conçu en matériaux légers et apparaître au théâtre.

Le masque dans les arts du spectacle

Depuis l’Antiquité, le masque a toujours tenu une place importante dans l’évolution de la civilisation. Après la feuille d’or, il est fabriqué en écorce puis en cuir et finalement en toile épaisse enduite de cire. Enfin, Venise invente le masque de velours ou de satin noir. A la Renaissance, il est ainsi devenu à la mode dans toute l’Europe grâce à la Commedia dell’Arte.

Quand la haute société se voilait la face

Sous diverses formes, le masque devient un accessoire de coquetterie que toute femme du monde doit posséder dans sa garde-robe. La blancheur du teint constitue un critère de beauté fondamental chez les femmes qui le portent pour protéger leur visage des rayons du soleil. Appréciés pour se promener tout en gardant l’anonymat, les masques constituent également l’accessoire incontournable dans les nombreux bals masqués qui fleurissent dans les villes.

Sous l’Ancien Régime, les dames l’utilisent aussi pour se cacher le visage lorsqu’elles se retrouvent autour d’une table de jeux.

Un objet de protection

Le masque va aussi se voir attribuer au cours de l’Histoire une fonction bien différente : celle de protection. Fabriqués à partir de vessie animale, les premiers masques de protection apparaissent sous l’empire romain ; ils sont utilisés au fond des mines pour se protéger des vapeurs toxiques.

Au XVIème siècle, Léonard de Vinci adapte le principe et propose l’utilisation d’un tissu imbibé d’eau à placer sur la bouche des navigateurs pour les prémunir d’éventuelles attaques chimiques lors des batailles navales.

La période entre le XIVème et le XVIIIème siècle est marquée par les épidémies de peste. Les médecins, pensant que la maladie se propage par la bouche et le nez, inventent un masque en carton bouilli doté d’un bec à deux trous permettant la respiration et pouvant contenir du thériaque, contrepoison hérité de la Rome antique, composé de plus de cinquante-cinq herbes médicinales, de poudre de peau de vipère, de cannelle, de myrrhe et de miel.

Lors de la révolution industrielle, il est recommandé aux ouvriers exposés à des substances nocives d’utiliser, soit une étoffe ou une gaze sur le visage, soit appliquer une éponge humide ou un tissu fin serré en forme de cône creux sur le nez et la bouche. En 1897, le médecin allemand Carl Flügge, soupçonnant la propagation de la maladie entre médecins et patients à travers la salive, plaide auprès de ses confrères pour le port du masque lors des opérations chirurgicales. Il semble que ce soit le chirurgien Paul Berger qui, lors d’une intervention à l’hôpital Tenon à Paris en octobre 1897, enfile le premier un tel masque, accessoire devenu aujourd’hui un incontournable des salles d’opération.

Durant la guerre 14-18, les gaz de combat envoyés par les Allemands s’introduisent dans le conflit. Différents masques de protection sont alors fabriqués, malheureusement peu efficaces, avant d’être remplacés par des masques-cagoules puis enfin, par des masques A.R.S. (Appareils Respiratoires Spéciaux) munis d’un filtre carbone. Et en 1940, toutes les armées et populations d’Europe en sont abondamment équipées.

Comme chaque année, voici venu le temps des carnavals

Espérons que 2022 puisse enfin nous permettre de revêtir costumes et masques et retrouver le plaisir de faire la fête… en tombant le masque tout en prenant bien soin de nous !

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