1967 : première transplantation cardiaque

Au matin du 3 décembre 1967, l’évènement fait la une dans le monde entier. La première transplantation cardiaque avec un cœur humain a eu lieu en Afrique du Sud. En une nuit, le professeur Christian Barnard (45 ans) a bouleversé l’histoire de la médecine. Il a réussi ce que personne avant lui n’avait jamais osé tenter.

Premier essai

Une première greffe avec un cœur de chimpanzé avait été effectuée le 18 janvier 1964 à Jackson (Etats-Unis) par James Hardy, chirurgien américain. Le cœur de l’animal avait été transplanté chez un patient avec insuffisance cardiaque en phase terminale. Cette intervention fut un échec car le cœur dont la taille était inadaptée à la corpulence d’un adulte, a fonctionné environ une heure.

Première transplantation

Pendant près de dix ans, Norman Shumway, cardiologue et chercheur reconnu par l’ensemble de la profession comme le maître de la transplantation, a mis au point la technique sur des animaux. Après des milliers d’heures de travail, il est prêt pour la première transplantation cardiaque mais impossible pour lui aux Etats-Unis de passer à l’étape humaine. A l’époque, la mort est définie par l’arrêt du cœur. Il est interdit de prélever un cœur qui bat encore même si le cerveau est détruit, sous peine d’être accusé de meurtre. C’est alors que Christian Barnard rend visite à son ami américain. Il est fasciné par sa technique et n’a pas les scrupules de son collègue. De retour en Afrique du Sud, Barnard a la méthode et le gouvernement est de son côté.

Ayant répété cette greffe pendant des mois sur des animaux, il rêve de la tenter sur l’homme. Mais il faut une coïncidence parfaite : avoir en même temps un patient au bord de la mort et un donneur au cœur sain. Le 2 décembre, l’opportunité se présente en la personne de Louis Washkansky, 54 ans, en insuffisance cardiaque et une jeune femme de 25 ans renversée par un camion le matin même. Elle est en mort cérébrale mais son cœur bat encore. Chose extraordinaire pour l’époque, son père accepte de donner le cœur de sa fille. L’opération peut alors commencer, elle durera plus de neuf heures. Le professeur attend le tout dernier battement du cœur de la donneuse avant de s’en saisir. Il faut aller vite : suturer ce jeune cœur à la place de celui du patient et le choquer pour qu’il reparte. Un premier choc électrique, un second puis soudain, le cœur se met à battre.

Le monde entier découvre alors le visage de celui qui a osé défier la mort. Du jour au lendemain, le professeur Barnard devient mondialement célèbre et les plus grands de ce monde veulent le rencontrer.

Les progrès

Mais l’euphorie ne dure pas. Louis Washkansky ne survécut que dix-huit jours à l’opération, succombant à une simple infection pulmonaire suite à l’affaiblissement de ses défenses immunitaires. Sans se décourager, le professeur renouvelle la tentative le mois suivant sur un nouveau patient qui survivra dix-huit mois à l’opération. Les premiers greffés, à de rares exceptions près, ne survivent pas plus de quelques semaines à l’intervention, essentiellement en raison du problème de rejets : réaction de l’hôte contre le greffon considéré comme un corps étranger.

En 1970, Chris Barnard déclare : « Je savais que la grande lutte dans la greffe du cœur, n’était pas de placer un organe neuf chez un être humain, mais de parvenir à ce qu’il y demeurât ». Grâce à une plus grande maîtrise technique : préservation des cœurs des donneurs au froid, biopsie endomyocardique permettant le diagnostic précoce du rejet, et surtout grâce à de meilleurs médicaments anti-rejets comme la cyclosporine, les nouveaux greffés gagnent en survie.

Les années 1980 voient apparaître les premières transplantations cœur-poumon ainsi que les premiers cœurs artificiels, posés le plus souvent en attente d’un cœur compatible et c’est en 1986 que fut transplanté un cœur artificiel.