9 novembre 1989 : le mur de la honte s’écroule …

Pour les Allemands, le 9 novembre rappelle tout à la fois l’avènement de la République (1918), le pitoyable « putsch de la Brasserie » (1923), la sinistre « Nuit de Cristal » (1938) et l’heureuse chute du mur.

Un peu d’histoire

Après la capitulation du 8 mai 1945, Berlin est occupé et scindé en quatre zones d’occupation. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France contrôlent l’Ouest de Berlin alors que l’URSS occupe l’Est de la ville. La paix revenue, une fracture apparaît entre l’Est et l’Ouest : un « rideau de fer » s’abat en Europe. 1949 marque la scission du pays avec la création de la République Fédérale d’Allemagne (RFA) à l’Ouest, et la République Démocratique Allemande (RDA) contrôlée par l’URSS à l’Est. Berlin Ouest devient une enclave à l’intérieur même de la RDA. Se pose alors le problème de la fuite massive de sa main-d’œuvre vers la zone occidentale avec trois millions de citoyens de l’Est passant à l’Ouest. C’est dans ce contexte que se profile la construction d’un mur.

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, pour enrayer le mécanisme d’exode considéré par les Soviétiques comme une véritable hémorragie, ceux-ci décident d’ériger le mur et de masser des troupes aux postes frontières. Cette nuit-là, avant que les pelleteuses ne commencent leur travail, le métro ne dessert plus les lignes de l’Ouest, les égouts sont verrouillés, quelques habitants saisissent leur dernière chance de fuir vers l’Ouest avant d’être séparés de leurs familles, voisins, amis… Au fil des années, le franchissement du mur coûtera la vie à 80 personnes, dont 59 ont été abattues par les « vopos » (gardes-frontières) et 115 autres seront blessées par balles. On estime qu’un peu moins de 5 000 personnes sont parvenues à l’Ouest.

En 1961, le mur se compose essentiellement de barbelés et de briques surmontées de barbelés à certains endroits. En 1962, il est étendu sur 15 km de long, des barricades sont érigées sur 130 km, 165 miradors et 232 blockhaus surveillent les frontières. En 1976, le mur de 3,60 mètres de haut est précédé d’une zone large de 40 mètres à 1,5 km. Et en 1989, les autorités de l’Est préparent le mur high-tech en intégrant un système de surveillance électronique. Mais les populations de l’Est en décideront autrement.

Le rideau de fer se déchire

Avec l’arrivée au pouvoir de Mickaël Gorbatchev, une politique de détente et de rapprochement se forme entre l’URSS et les USA. En 1989, les Hongrois sont les premiers à soulever la chape de plomb communiste et annoncent leur intention d’ouvrir leur frontière avec l’Autriche. Les Allemands veulent la démocratie et la liberté ; ils sont plusieurs milliers à s’enfuir en Hongrie. Dans les villes de la RDA, des manifestations se forment : le pouvoir vacille puis démissionne le 7 novembre. Deux jours plus tard, le gouvernement de la RDA autorise les Allemands de l’Est à voyager à l’étranger « sans aucune condition particulière ». Le soir même, devant les caméras du monde entier, de jeunes Allemands de l’Est et de l’Ouest brisent le Mur de la honte, prenant de court les dirigeants des deux bords. Les douaniers, débordés par l’afflux de personnes à la frontière, les laissent simplement passer. Les milliers de Berlinois massés près du mur ouvrent un à un les postes frontières sous le nez des redoutables garde-frontières est-allemands qui, cette fois, gardent l’arme au pied.

La réunification

L’unité officielle de l’Allemagne est définitive le 3 octobre 1990, date qui devient la fête nationale allemande. Pour ne pas oublier cette période de l’Histoire, des morceaux de murs ont été offerts à de nombreuses villes à travers le monde. Plus encore que son appartenance à l’histoire allemande, il est aujourd’hui présenté comme le symbole de la liberté contre l’oppression à travers le monde entier.