Centenaire des boules Quies

« La parole est d’argent mais le silence est d’or », qui ne connaît cet adage, sans pour autant savoir qu’il est tiré du « talmud », texte fondamental du judaïsme rabbinique ?

Dans notre monde, le bruit sans cesse nous agresse et la recherche de silence se fait bien souvent sentir. « Les enfants, vous faites trop de bruit » dit la maman à ses petits qui eux aiment tant en faire ! Et combien de fois par jour le maître demande-t-il le silence à ses élèves ? Au retour du travail, l’homme aspire à la tranquillité, au silence tandis que le plus souvent la femme passe du bruit de son atelier à celui de ses casseroles. Stéréotype quelque peu dépassé aujourd’hui, me direz-vous, car les rôles sont parfois inversés ! Certains privilégient les lieux favorables au silence : promenade dans la nature, en montagne, retraite dans un monastère. Le Christ lui-même recherchait le silence après des temps de vie intense avec la foule qui le pressait, avide d’entendre sa parole, de le voir guérir les malades et même ressusciter les morts ; alors il se retirait, « passant sur l’autre rive ».

Le silence n’est pas vacuité, il se nourrit du moi intérieur, de la méditation si nous savons lui faire place et chasser nos préoccupations.

Ce ne sont, sans doute pas, ces considérations qui ont conduit Joseph Moreau, pharmacien parisien, à inventer en 1918 les boules Quies dont nous fêtons le centenaire. C’est à la demande d’une cliente qui se plaignait de nuisances sonores, étaient- ce les ronflements de son mari, qu’il met au point des protections auditives en cire et coton ; il les appelle « sourdines » ; elles sont toujours la base de celles d’aujourd’hui, bien que la gamme proposée se soit diversifiée. Dès 1921, le mari de la plaignante, ayant sans doute acquis le droit de ronfler sans troubler le sommeil de son épouse, s’associe au pharmacien et les « sourdines » prennent le nom de « Quies », qui en latin signifie calme, repos (origine de quiétude). C’était celui d’une divinité qui avait son temple à Rome et dont parle Saint-Augustin dans sa « Cité de Dieu ». Malheureusement, cette invention est née trop tard pour protéger les soldats de la Grande Guerre des nuisances sonores de l’artillerie ; nombreux sont ceux qui, des tranchées, reviendront sourds.

Entre les deux guerres, l’atelier situé rue Auguste Chabrier dans le quinzième arrondissement gagne de nombreux prix. En 1990, il quitte Paris pour Palaiseau ; la fabrication se fera encore à la main jusque vers les années soixante-dix et toujours selon les mêmes normes dont la cire naturelle. D’autres produits enrichiront la marque : mousse de silicone, spéciale bricolage, spray anti ronflement… Soixante millions de paires de boules Quies sortent chaque année des ateliers et procurent un chiffre d’affaires de dix-sept millions d’euros tout en n’employant que quarante-huit salariés. Même si la marque a été rachetée en 2008, l’entreprise reste familiale et l’actuel PDG est l’arrière-petit-fils de Joseph Moreau. Si vous devez endurer des agressions sonores insupportables, l’achat de boules Quies ne vous ruinera pas (3,99 € les douze paires de « perles roses ») et protègera votre capital auditif en réduisant le niveau sonore sans l’annuler complètement, ce qui est une sécurité. Jadis, un épervier dont le vol est silencieux, ornait les boites en aluminium puis en plastique des boules Quies ; elles sont maintenant du domaine des collectionneurs, remplacées par un design plus moderne mais bien banal.

Protéger son audition n’a pas de prix surtout quand on pense à celui des prothèses auditives pour qui veut garder un bon contact avec son environnement ! Alors, par tous les moyens, protégeons nos oreilles et celles de nos enfants en privilégiant le calme, la quiétude !