Le jardin des simples

Vous avez sûrement entendu parler du jardin des simples. Que se cache-t-il derrière cette dénomination ?

Tout d’abord qu’en est-il du terme simple ?

On appelle « simples » les plantes utilisées depuis l’antiquité pour leurs vertus médicinales, les simplicis herba. On les qualifiait de simples par opposition aux potions complexes que proposait la médecine savante de l’époque. Un jardin de simples ne comprend pas seulement des plantes médicinales. Elles y sont associées à des plantes aromatiques et condimentaires, dont la plupart d’entre elles ont également des vertus thérapeutiques.

Des plantes aromatiques au jardin médiéval

Les herbes fascinent et soignent depuis plus de mille cinq cents ans. Leur longue histoire est intimement liée à celle des moines et leurs pratiques de la médecine. Il faut dire qu’ils sont longtemps restés les seuls dépositaires des connaissances liées à leurs propriétés thérapeutiques. C’est pour cela que, dans l’imaginaire collectif, un « jardin des simples » s’organise de la même façon que ceux qui étaient cultivés dans les monastères : des espaces thématiques et géométriques, ordonnés en parterres réguliers, carrés ou rectangles, délimités par des bordures de buis taillés, de plessis ou de planches et, entre les carrés, des allées disposées en croix, utilisées pour le passage des jardiniers et pour faciliter le drainage et l’irrigation. Le jardin des simples côtoie le potager, le jardin d’ornement (pour la prière), le jardin des plantes tinctoriales et le verger. Ces jardins doivent symboliser la perfection, inhérente à toute œuvre de Dieu. Les références à la religion sont omniprésentes : la présence du buis qui symbolise l’immortalité, un puits ou une fontaine au centre du jardin pour symboliser la résurrection et parfois un banc pour s’adonner à la contemplation et à la méditation.

Des plantes regroupées par système

Peu d’écrits sont là pour témoigner d’une organisation précise dans les carrés mais, dans les reconstitutions, les plantes médicinales sont souvent regroupées en fonction de leurs indications thérapeutiques et regroupées par système. Par exemple :

  • le système digestif : centaurée des montagnes, cataire, camomille allemande, patience crépue, guimauve,
  • le foie : bardane, fumeterre, andrographis, chardon-marie (silybum marianum),
  • le système respiratoire : grande aunée, hysope, grindelia, asclépiade tubéreuse, agastache,
  • le système nerveux : scutellaire casquée, mélisse, escholtzia, valériane, passiflore, basilic sacré, ashwaganda,
  • le système cardiovasculaire : agripaume,
  • le système reproductif : gattilier, alchémille,
  • muscles, articulations et os : scrofulaire,
  • la peau : souci, consoude, arnica, onagre,
  • le système immunitaire : échinacée, scutellaire baïcal.

D’autres plantes aux vertus connues depuis longtemps

Mais on peut aussi inclure dans le jardin des simples des plantes qui poussent très facilement et dont les vertus sont connues depuis longtemps :

  • cicatrisation : souci (Calendula officinalis),
  • apaisements : thym et camomille matricaire,
  • maux de ventre : menthe, absinthe ou chardon marie (calcul et cirrhose du foie),
  • fièvres : petite camomille, ainsi que verveine officinale ou benoîte,
  • maux exclusivement féminins : armoise, mélisse ou rue,
  • guérison : amarante (Amaranthus caudatus), censée apporter également protection et l’immortalité…,
  • soins universels : sauge dont l’origine latine salviasignifie guérir,
  • troubles digestifs, spasmes de l’estomac, de l’intestin ou douleurs des règles, cicatrisation des plaies, inflammations cutanées : achillée millefeuille grâce à ses propriétés antiseptiques, antispasmodiques, astringentes et cicatrisantes.

Un groupe de passionnés est en train de mettre en place un jardin des simples à Hardricourt, dans le jardin partagé des mandalas (voir notre « En parlant avec » du mois). N’hésitez pas à venir les rencontrer.

Virginie Vermorel et Véronique Schweblin