Napoléon III, empereur des Français

Lorsque le nom des Bonaparte est évoqué, c’est à l’empereur Napoléon 1er que l’on pense. Pourtant, son neveu Napoléon III n’a rien à envier à son illustre parent. Si le premier déploie la grandeur de la France en combattant les pays voisins, le troisième, personnalité méconnue de notre histoire, fait entrer notre pays dans la modernité.

Troisième fils d’Hortense de Beauharnais et de Louis, frère de l’empereur et roi de Hollande, Charles-Louis Napoléon nait à Paris le 20 avril 1808. Enfant aimable et docile, il est élevé par sa mère dans le culte du bonapartisme et du premier empire. Après la défaite de Waterloo, il se réfugie avec la reine Hortense au bord du lac de Constance, suit les cours de l’école militaire de Thoune près de Berne en Suisse où il obtient le grade d’officier d’artillerie.

Nourrit par la légende napoléonienne, il commence sa « carrière politique » en 1831 en participant aux insurrections italiennes. L’année suivante, au décès sans descendance de son cousin Napoléon François, duc de Reichstag et fils de l’empereur, il décide de porter à lui seul le flambeau du bonapartisme. Avec de fidèles partisans, il prépare en vain un coup de force sur Boulogne. Arrêté et condamné à la prison à vie, il est incarcéré dans la forteresse d’Ham d’où il s’évade en habit de maçon et se réfugie en Angleterre.

Après la révolution de juillet 1848, il revient en France et est élu député à l’Assemblée constituante puis au suffrage universel en décembre et devient le premier président de la République pour quatre années selon la constitution. Prince-Président, il construit peu à peu sa conquête du pouvoir mais ne peut obtenir un second mandat. Le coup d’état du 2 décembre 1851 le conforte dans son rôle de président pour dix ans. Le 7 novembre, le « sénatus-consulte » (acte supérieur aux lois voté par le Sénat) plébiscite le rétablissement de la dignité impériale envers Louis-Napoléon et le Second empire est proclamé le 2 décembre 1852.

Devenu empereur, il met en pratique ses conceptions du pouvoir. Il épouse en janvier 1853 Eugénie de Montijo : la naissance du prince impérial en 1856 assure sa succession.

Durant les dix-huit années de son règne, l’empereur s’engage dans des conflits : Crimée, Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos) devenue une colonie, Italie (Savoie et Comté niçois rattachés à la France), Mexique (véritable désastre) … Le Second empire est une période riche et prospère. Paris redevient le centre du monde. Tout y est luxe et volupté. C’est le règne de l’argent, des crinolines mais aussi des cocottes, le tout sur des airs d’Offenbach. De grands évènements y ont lieu comme l’exposition universelle de 1867 et les visites officielles fastueuses des souverains européens…

Bilan du Second empire

Epoque de grandes innovations techniques et des prouesses comme le canal de Suez financé en partie par la France, le bilan est considérable : rénovation de Paris avec le baron Haussmann, développement commercial, réforme financière, modernisation de l’agriculture, expansion du trafic ferroviaire, industrie du textile, sidérurgie, métallurgie, …

L’empire colonial constitué sous Louis-Philippe s’agrandit ; en 1867 il s’étend sur près de treize millions de km2 soit 8% des terres immergées avec environ cent dix millions d’habitants. Composé principalement de régions d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, il devient le deuxième plus vaste empire après l’Angleterre.

Le début de la fin

Le régime de plus en plus autoritaire de l’empereur le rend impopulaire : contrôle de la presse, mécontentement des catholiques du fait de l’unification italienne, bas salaires de la classe ouvrière… Sa politique européenne ne fait pas l’unanimité tel le traité de commerce franco-anglais favorisant l’augmentation et l’échange de la production industrielle entre les deux pays.

La Prusse cherchant à agrandir son territoire, l’occasion lui est donnée lorsqu’elle propose un membre de la famille royale prussienne sur le trône d’Espagne laissé libre ; ce qui inquiète l’empereur. Le 19 juillet 1870, le conflit franco-prussien éclate et se termine le 2 septembre avec la défaite de Sedan. Napoléon est fait prisonnier. Libéré le 19 mars 1871 il s’exile en Angleterre, rejoint l’impératrice et leur fils, tout en gardant l’espoir de retrouver son trône. Mais, physiquement très affaibli, les médecins lui diagnostiquent la « maladie de la pierre ». Malgré deux opérations, son état s’aggrave et il décède le 9 janvier 1873.

Six ans plus tard, le prince impérial tué en Afrique du Sud lors de la guerre anglo-zoulou, est inhumé auprès de son père à l’abbaye de Farnborough où l’impératrice, heureuse d’apprendre que la France a retrouvé l’Alsace et la Lorraine perdues après la guerre de 1870, les rejoint en 1920.

Honni pendant la IIIème République, Napoléon III ne connaitra un début de réhabilitation qu’à la seconde moitié du XXème siècle. La question du rapatriement de sa dépouille a été posée à plusieurs reprises sans jamais être soutenue par l’état français.

Geneviève Forget

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