Salvador DALI, provocateur fou ou artiste génial ?

Plus de vingt ans après sa mort, en 1989, on peut encore se poser la question, quelle était la vraie personnalité de cet artiste « touche à tout », souvent critiqué et, il faut bien le dire, considéré comme antipathique par une grande partie du public. C’est vrai aussi qu’il n’a jamais rien fait pour être aimable, son goût immesuré pour l’argent (André Breton, chef de file du mouvement surréaliste auquel Dali a appartenu, l’avait surnommé « Avida Dollars », un anagramme de son nom), son cabotinage insupportable, cet accent venu d’on ne sait où, mais plus encore ses prises de position politiques, son attirance pour Hitler dans les années 30, une allégeance sans borne pour le franquisme à son retour en Espagne après la guerre (en 1975, il avouera même être en faveur de l’exécution de membres de l’ETA), tout concourait à le rendre impopulaire. Le temps a plus ou moins effacé ces mauvais souvenirs et il nous reste maintenant son œuvre, gigantesque et variée.

Revenons un peu sur ce qui a fait que Salvador Felipe Jacinto Dali, né en 1904, soit devenu « Dali » ! C’est à Figueras en Espagne, au milieu d’une famille plutôt aisée, son père est notaire, que Dali grandit, passionné très jeune par la peinture, il découvre l’impressionnisme à…12 ans. A 18 ans, il part étudier la peinture à Madrid ; il se lie alors d’amitié avec Luis Bunuel, avec lequel il tournera plusieurs films, et Federico Garcia Lorca. Après quelques années passées dans cette école, dont il fut exclu pour indiscipline, il part à Paris en 1929 et il intègre le groupe surréaliste ; c’est là qu’il rencontre Gala, la femme d’un autre artiste surréaliste, Paul Eluard. Elle deviendra sa muse et sa compagne puis son épouse, leur union durera jusqu’à sa mort en 1982.

Parallèlement à ses toiles il se met à écrire, ce qui lui donne l’occasion de rencontrer les plus grands psychanalystes de l’époque, Sigmund Freud et Jacques Lacan, intéressés par les théories de l’artiste sur la paranoïa. Pendant la seconde guerre mondiale, Gala et Dali s’installent aux Etats-Unis ; c’est là-bas, après une exposition retraçant son œuvre au MoMA (Museum of Modern Art) de New-York, qu’il accède réellement à la notoriété. Après s’être rapproché du cinéma, il a collaboré avec Hitchcock, Harpo Marx et Walt Disney, il revient en Europe en 1948 et commence alors une série de tableaux religieux figurant des personnages en lévitation (Christs, madones…). Ensuite le peintre génial utilisera jusqu’à l’extrême les nouveaux médias à sa disposition et en particulier la télévision. Publicités, happenings, émissions dont il est le centre, se succèdent ; il réalise aussi des hologrammes très spectaculaires ; il est également très curieux de science et a beaucoup d’admiration pour le Pr Heisenberg, un des créateurs de la mécanique quantique.

Après la création en 1974 du « Teatre-Museu » qui lui est dédié à Figueras, il est admis à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France et une grande rétrospective lui est consacrée au Centre Pompidou nouvellement inauguré, en 1979. Cette exposition, qui a vu circuler plus de 800 000 visiteurs dans ses allées, reste un des plus grands succès que le musée ait connu. Après la mort de Gala en 1982, ses toiles se font rares et il arrête de peindre au début de 1983, son dernier tableau a été « La queue d’aronde », en référence à l’une des catastrophes élémentaires du mathématicien René Thom. Il meurt en 1989 d’une énième crise cardiaque. Fidèle à sa réputation et songeant aux moyens « scientifiques » de devenir immortel, il se fera embaumer, tel un pharaon, dans son musée de Figueras, la théâtralité jusqu’au bout !

L’exposition qui a lieu en ce moment au Centre Pompidou à Paris jusqu’au 25 mars, propose plus de deux cents œuvres de l’artiste. Il y a ses peintures bien sûr, il y en a plus de cent vingt et la plupart de ses œuvres les plus célèbres (le grand masturbateur, les montres molles…), mais vous pourrez aussi apprécier l’étendue de son génie, dessins, gravures, sculptures, toutes sortes d’objets qu’il a réalisés, photographies, cinéma (« le chien andalou », avec Luis Bunuel), nombreuses interviews et surtout un très bon (et très rare) film-documentaire (1 ) réalisé en 1966 par J.C. Averty, un bijou qui a lui seul vaut le déplacement. Il vous reste quelques jours pour ne pas rater cette rétrospective, il faudra sinon vous rendre au Museo nacional Reina Sofia de Madrid où elle sera présentée du 23 avril au 2 septembre, ou bien pourquoi pas, attendre la prochaine …dans trente-trois ans ?

(1)« Un autoportrait mou de Salvador Dali », par JC Averty, consultable sur You tube…

 

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