Marseille-Provence, capitale de la culture

 Une situation remarquable au bord de la Méditerranée a contribué à faire de Marseille une ville au destin exceptionnel que l’Union européenne vient de choisir, pour cette année, comme « capitale européenne de la culture » devant Lyon, Toulouse, Bordeaux. Ce titre est attribué, depuis trente ans à des villes au rayonnement culturel reconnu, dans le but de rapprocher les peuples. La première fut Athènes en 1985, choix qui s’imposait car elle est le berceau de la civilisation de l’Europe et de tout le bassin méditerranéen. Paris fut élue en 1989 et, pour ne citer que la France, Avignon en 2000 et Lille en 2004. Cette année, au même titre que Marseille-Provence, une autre ville a été choisie : Kosice en Slovaquie.

Tout le monde connaît Marseille, sa Cannebière, sa Bonne Mère, ses galéjades, sa bouillabaisse, ses chantres mondialement connus comme Pagnol et Fernandel, ses sculpteurs : Puget (XVIIe siècle), et un contemporain César Baldaccini, dit César qui fait des œuvres d’art  en écrasant de vieilles carcasses de voitures ! Ce n’est pas une galéjade. L’humour marseillais s’incarne aussi dans ses caricaturistes : le peintre Honoré Daumier (1808-1879) ou Albert Dubout (1907-1976) qui vécut plus de dix ans à Mézy. Dans la longue liste des célébrités marseillaises, n’oublions pas Zidane, vedette incontournable du football et le rappeur Akhenaton, de son vrai nom Philippe Fragione.

Marseille, berceau de ces célébrités naquit, quant à elle, six cents ans avant Jésus Christ. Selon la légende, le roi d’une tribu ligure donnait un banquet au cours duquel sa fille Gyptis devait choisir son futur époux parmi les fidèles guerriers de son père. Contre toute attente c’est à Protis, un beau Grec phocéen, qu’elle offrit la coupe rituelle et le mariage fut célébré. Elle apportait en dot la colline que couronne aujourd’hui Notre Dame de la Garde. Grâce au génie commercial des Grecs, « Massalia » prospéra rapidement, créant de nombreux comptoirs comme Arles, Nice ou Antibes. On défrichait, on plantait oliviers et arbres fruitiers ; mais la prospérité fait des jaloux et lorsque les Celtes tentent de s’en emparer, la ville appelle à la rescousse les Romains qui vont la libérer pour finalement conquérir toute la Provence, mais Massalia reste une république alliée de Rome.

 En 1481, le roi Louis XI rattache Marseille et toute la Provence à la France

L’histoire de Marseille est ponctuée de hauts et de bas, de périodes d’essor et d’autres de déclins comme la peste de 1720 qui fit cinquante mille victimes !

De la Révolution, accueillie avec enthousiasme, nous conservons un bel héritage : « la Marseillaise » qui n’est marseillaise que d’adoption. En effet c’est un jeune officier du génie, Claude Rouget de Lisle qui compose en 1792, à Strasbourg, ce « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». Edité, il parvient à Marseille et devient l’hymne des cinq cents volontaires envoyés à Paris rejoindre les troupes révolutionnaires. Ce chant ponctue tout leur parcours si bien qu’on ne l’appellera plus que « la Marseillaise ».

Aujourd’hui, Marseille, seconde ville de France compte environ 850 000 habitants (deux millions pour «  Marseille-Provence »). Son climat méditerranéen et son ouverture sur la mer ont favorisé l’installation de nombreux immigrés qui se sont implantés là où ils avaient débarqué. On peut dire que, depuis son origine, Marseille est ouverte à la diversité sans jamais perdre son identité, son accent et la fierté de ses habitants d’être Marseillais.

Aujourd’hui grâce au choix de l’Union européenne de la désigner capitale de la culture, elle souhaite s’ouvrir à des myriades de touristes. Pour les attirer, les émerveiller, elle a fait « peau neuve » et concocté de très nombreuses animations, bien souvent gratuites. Les projets menés par René Muselier sont portés par la Chambre de Commerce, les quatre universités du territoire, le Grand Port Marseille-Méditerranée ainsi que par le Conseil général des Bouches du Rhône et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, sans oublier la volonté de son maire Jean-Claude Gaudin.

Outre les rénovations et améliorations du Vieux Port, de la Cannebière du fort Saint-Jean, et du musée d’histoire au Palais de Longchamp, on a créé de nouveaux espaces comme le Mémorial de la Marseillaise, la Maison de la Cinématographie de la Méditerranée, le MuCEM, musée des Civilisations d’Europe et Méditerranée, relié au fort Saint-Jean par une passerelle, la cité des Arts de la rue et au château Borély, musée d’art décoratif et de la mode. Une large place est faite à la création contemporaine sous toutes ses formes, non seulement dans les différents lieux mais aussi lors des quatre cents évènements prévus dont soixante expositions. Le colossal budget engagé pour ce vaste programme représente 155 € par habitant, ce qui le place juste après Berlin.

Marseille, c’est bien autre chose que l’écho que nous en donne trop souvent la presse. Marseille comme conseillerait le Guide Michelin vaut plus qu’un détour :                                            

Marseille vaut un voyage.

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