Editorial de mai 2016 : La valeur historique de la fête de la pentecôte

 Si la Pentecôte n’est pas une innovation chrétienne, elle est cependant un épanouissement d’une très ancienne fête juive de Pèlerinage. Comme la Pâque, elle a une longue préhistoire dont nous sommes héritiers.

 Selon la péricope de Deutéronome 16, 9-12 on retient deux choses :

1) La première est qu’une fête agricole doit être célébrée sept semaines après la Pâque, c’est-à-dire cinquante jours après cette grande solennité. Or, Pâques ouvre la saison de la moisson avec la récolte des orges. La fête de la semaine ou du cinquantième jour (ce qui se dit en grec Pentecôte) termine les travaux des champs avec le ramassage du froment.

2) La seconde est que cette fête finale des travaux des champs est par nature joyeuse et que l’allégresse préside à l’offrande de la gerbe d’épis morts qui doit se faire à Jérusalem en l’honneur de Yahvé. Telle est l’idée première de la liturgie de la Pentecôte mais sur laquelle sont venus se greffer au fil des temps bien d’autres souvenirs.

Comme l’évolution qui a marqué la Fête de Pâques la même évolution a marqué la Pentecôte, même si elle a mis plus de temps à se faire. A l’origine clôture festive des moissons, elle est devenue dans la suite la Pentecôte dans la spiritualité et la liturgie juive. Si l’on avait historicisé le contenu de Pâques, logique aussi était de faire de même pour la Pentecôte. Et si la Pâque commémorait la sortie d’Egypte, il n’y avait qu’à répondre à une question : que s’est-il passé cinquante jours plus tard ?

A ce sujet les écritures sont muettes. Les points de repère chronologiques qui jalonnent le livre de l’Exode sont flous ; aucun évènement particulier n’était assigné au cinquantième jour après la mise en marche de Moïse avec son peuple. Pour ce faire, il suffisait donc d’introduire des précisions liturgiques là où les traditions restaient dans le vague. C’est donc le texte d’Exode 19, 1-5 qui pouvait s’accommoder dans cette illustration.

 Qu’est ce qui en ressort ? Sortis d’Egypte au milieu du premier mois de l’année, les Hébreux étaient parvenus à la Sainte montagne (Sinaï) dans le courant du troisième mois ; ce qui convenait particulièrement avec un cinquantième jour ; c’est ainsi que la Pentecôte devient la commémoration liturgique de la rencontre de Moïse et Dieu au Sinaï, souvenir joyeux du don de l’alliance, c’est-à-dire des dix paroles qui devraient constituer la loi fondamentale d’Israël. A l’époque de Jésus, l’assimilation était chose faite.

 Ainsi, lorsqu’avec ses disciples Jésus vivait la fête de la Pentecôte, il se souvenait avec eux qu’en ce jour-là, la voix de Dieu avait résonné sur une montagne pour dire à un peuple les conditions de sa liberté. « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces …. » Mais sans doute, se souvenait-il aussi que la Pentecôte était la deuxième et dernière fête de l’Exode. C’est alors qu’après ce cinquantième jour, le peuple avait dû se remettre en marche et s’arracher au décor majestueux du Sinaï pour cheminer en tâtonnant vers la terre promise.

  

Père André Menyé

Curé du groupement paroissial de Meulan

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