En parlant avec le Centre Astronomique des Yvelines

Bonjour monsieur Roy et madame Cittadini, merci de nous recevoir. Tout d’abord, Parc aux étoiles, Centre Astronomique des Yvelines, nos lecteurs ont du mal à faire la différence entre ces deux lieux, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Le Parc aux Etoiles est un espace situé à Triel sur Seine géré par G.P.S&O, comprenant entre autres une muséographie et une salle de conférence. C’est aussi un Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle qui propose tout un tas d’activités autour du domaine scientifique et accueille un très grand nombre de visiteurs par an. Ce parc dispose d’un grand espace vert et de deux bâtiments : un ancien, le « château », surmonté d’une terrasse et d’un observatoire et un autre, bâti en 1989 par la ville de Triel qui accueille la muséographie et une salle de conférence. Le CAY, quant à lui, est une association loi 1901 d’astronomes amateurs qui se réunissent tous les vendredis soir dans une des salles du château. Le CAY et le Parc aux Etoiles ont donc des objectifs différents mais complémentaires.

Comment est né le CAY ?

C’est Jean-Paul Trachier, journaliste et astronome triellois, qui a fondé le CAY en 1970 mais également le Parc aux Etoiles. C’est lui qui a d’ailleurs eu l’idée de créer les vitrines didactiques en lumière noire retraçant le big-bang jusqu’aux futures bases martiennes dans l’espace muséographique. L’emplacement du Parc aux Etoiles, étant le plus haut point des Yvelines, rendait propice l’observation des astres par des passionnés d’astronomie, d’autant que dans les années 1970, il n’y avait pas d’arbres pour obstruer la vue…

Qu’est-ce que signifie « passionnés d’astronomie » ?

Hervé Roy : l’astronomie, c’est la science de l’observation des astres et cela touche tout un tas de domaines : optique, mécanique, électronique, histoire… C’est fantastique ! C’est un domaine qui me passionne depuis que j’ai 18 ans… J’ai par ailleurs un intérêt particulier pour la gnomonique qui est l’art de concevoir, calculer et tracer des cadrans solaires.

Isabelle Cittadini : il faut bien avouer que c’est une passion de malade ; qui est assez fou pour venir passer des heures dans le froid pour essayer d’observer une aurore boréale comme celles apparues il y a un mois et demi ou une comète comme la C/2022 E3 qui nous a récemment rendu visite ?

Combien d’astronomes compte aujourd’hui votre association et quels sont leurs principaux centres d’intérêt ?

Nous sommes trente-sept membres et nous retrouvons à quinze-vingt les vendredis soir. Nous échangeons sur les actualités spatiales comme par exemple les dernières images du télescope James Webb ou encore la récente mission DART ; cette mission avait pour objectif de modifier la trajectoire d’un astéroïde situé à 11 millions de km de la terre en allant l’impacter à une vitesse supérieure à 20 000 km/h.

Mais nos échanges portent aussi sur les activités de nos membres, en particulier sur leurs observations dans la semaine : lune, planètes, comètes, … Nous organisons aussi régulièrement des exposés sur des thèmes spécifiques. La palette des sujets à aborder est très vaste : nous avons par exemple quatre spécialistes de l’astrophotographie et un certain nombre de membres qui photographie le soleil. Il y a un mois, nous avons d’ailleurs eu de très belles photos de l’explosion solaire qui a occasionné quelques jours après les aurores boréales également photographiées par quelques adhérents. Il fallait juste repérer dans les cieux sans lumière des lueurs qui ne devaient pas être là et prendre ensuite des photos avec des temps de pause suffisants … Dans les grandes disciplines, il y a aussi la spectrographie qui permet de décomposer les lumières des différentes étoiles observées. Nous disposons d’un spectroscope et les couleurs sont vraiment très pures ! Il y a aussi la radioastronomie, la branche de l’astronomie qui a pour objet l’étude des corps célestes au moyen de radiofréquences. Cela veut dire qu’au lieu de percevoir la lumière visible des étoiles et des planètes, on capte les ondes radio qu’elles émettent.

Qu’est-ce qu’on peut donc observer ?

On peut observer tous types de corps célestes : la lune, les planètes, les comètes mais aussi les amas globulaires, des images diffuses, des nuages de poussières, les différents types d’étoiles : étoiles variables, doubles, …

Quel matériel avez-vous pour observer les astres ?

Grande lunette astronomique

Nous avons différentes lunettes, des télescopes, des paires de jumelles astronomiques et bien sûr, nous utilisons aussi les grands équipements que vous avez vus en entrant dans le parc. Vous avez d’abord la grande lunette astronomique sous la coupole. C’est une lunette équatoriale motorisée qui permet un suivi des objets en compensant le mouvement de rotation terrestre. Son objectif est de 225 mm d’ouverture et son grossissement maximum de 300 fois. Elle fournit des images spectaculaires du soleil en journée par projection sur un écran et la nuit, de la lune et des planètes quand elles sont visibles dans les trouées des arbres. Nous l’avons d’ailleurs utilisée pour visualiser l’éclipse partielle de soleil qui a eu lieu en octobre dernier.

Télescope sous la coupole

Vous avez aussi deux cadrans solaires dont un équatorial dont la table se situe dans un plan parallèle à celui de l’équateur terrestre, une réplique de la lunette de Huygens, réalisée par Audouin Dollfus, très grand astronome du XXème siècle ; cette lunette a été conçue en 1683 avec un fil à la place du tube ce qui permet mécaniquement d’avoir une mise au point. Et vous avez deux grosses antennes pour « écouter les météorites ». Au-dessus du bâtiment où nous nous réunissons, il y a une terrasse, au-dessus des arbres, qui nous permet une observation bien plus vaste avec notre matériel mais aussi avec un télescope moderne de 300mm de diamètre situé sous une coupole.

 

Comment faites-vous partager votre passion auprès du grand public ?

Nous organisons régulièrement des séances d’observation au COSEC de Triel ou épisodiquement dans d’autres lieux, comme récemment au Centre François Pons à Verneuil. Dans ces deux endroits la vue est particulièrement dégagée. Il y a souvent beaucoup de monde, entre trente et soixante-dix personnes, dont beaucoup d’enfants. Nous expliquons ce que l’on observe à l’œil nu ou avec des instruments mais en profitons aussi pour montrer comment marche une lunette ou encore quel est le meilleur instrument à utiliser selon les observations… ou aborder tout autre sujet de l’actualité astronomique. Nous organisons aussi des conférences et avons repris cette année la « MEGA STAR PARTY », le 11 mars dernier, journée où se rencontrent les clubs et associations d’astronomie des alentours avec des exposés de professionnels. Par contre, il nous est difficile d’organiser des ateliers de formation car nos adhérents sont encore pour moitié en activité et n’ont pas la disponibilité requise.

Est-ce que vous avez des liens avec d’autres clubs d’astronomie ou d’autres observatoires ?

Observation au Chili

Bien sûr, nous avons entre autres des liens avec l’observatoire de Rouen, l’association ADAGIO de Toulouse qui eut pour objectif la construction et l’utilisation d’un grand télescope d’astronomie amateur (82 cm de diamètre) et bien sûr la Société Astronomique de France (SAF). Nous sommes également partenaires de l’association d’amateurs Albireo78 – SADR qui permet, pour les personnes habilitées, d’utiliser en partage un télescope situé au Chili que l’on pilote à distance, ce télescope étant complètement automatisé. Ce partenariat nous permet de partager le matériel et les coûts mais aussi de profiter de magnifiques images mises à disposition par l’ensemble des astronomes amateurs ayant installé leur télescope au Chili.

Observatoire de Saint-Véran

Il faut également mentionner les soirées d’observation à l’observatoire de Buthiers, géré par l’association Planète-Sciences, et les séjours à celui de Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes, plus haut observatoire de France avec, comme à Buthiers, un télescope astronomique de 60 cm de diamètre. Tous les ans en octobre, quelques adhérents y passent une semaine d’observation avec d’autres astronomes amateurs. Et l’été, nous participons aux rencontres AstroCiel organisées par la SAF à Valdrôme. Par ailleurs, nous sommes aussi partenaires du club d’astronomie du Comité d’Entreprise de Thalès.

Avez-vous des projets pour le CAY ?

Comme évoqué précédemment, nous disposons d’un télescope sur le toit du bâtiment. Nous rêverions de le piloter à distance afin de pouvoir offrir ce service à un grand nombre d’astronomes. Avec l’utilisation du télescope du Chili, nous avons les compétences pour le faire mais il faudrait une nouvelle coupole électrifiée…

Comment être au courant de vos activités ?

Le plus simple est de se connecter sur notre page facebook : https://www.facebook.com/CentreAstronomiquedesYvelines qui contient des informations très à jour sur les activités du centre.

Merci beaucoup, monsieur Roy et madame Cittadini de nous avoir fait découvrir votre passion. Nous espérons qu’elle aura éveillé la curiosité de nos lecteurs et qu’ils seront nombreux à venir assister à vos prochaines manifestations et, qui sait, à rejoindre vos adhérents.

 

Propos recueillis par Véronique Schweblin

Bonus : lien entre les explosions solaires et les aurores boréales

Explosion solaire

Les aurores boréales sont causées par des flux de particules chargées en provenance du soleil. Ces dernières sont émises en grandes quantités lors de certains événements qui se déroulent à la surface de l’astre, comme les éruptions solaires. Lorsqu’elles s’approchent de la terre, ces particules chargées sont généralement déviées par le champ magnétique de la planète. Mais ce dernier n’est pas complètement uniforme. Les lignes de champ qui permettent de le définir s’affaissent au niveau des pôles, ce qui permet aux particules d’atteindre la haute atmosphère. Elles entrent alors en collision avec les gaz qui y résident ce qui produit les lumières colorées qui constituent les aurores boréales.

En février dernier, une éruption solaire particulièrement importante a eu lieu d’où les aurores boréales qui ont été observées en plusieurs endroits en France entre le 26 et le 28 février.

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