Les mille-fleurs

Ce style de tapisserie, en vogue à la fin du Moyen-Age, est caractérisé par une multitude de plantes et petites fleurs parsemées soit sur un fond rouge, vert ou plus généralement bleu foncé. Les scènes peuvent être religieuses ou profanes, de type rustique (tonte des moutons, vendanges, tissage …) ou plus noble (chasse, concert) selon le choix du commanditaire. Les sujets représentés, tirés de la Bible ou de la vie des saints, et de la littérature profane comme les romans épiques ou courtois, s’inspirent des peintures et des enluminures contemporaines. On parlait de tapisseries à semis ou plus fréquemment de verdures.

Ce style mille-fleurs a peut-être été inspiré par la coutume de joncher, les jours de fête, .le sol de fleurs coupées. Ainsi on a compté dans les célèbres tapisseries de la Dame à la Licorne la représentation de plus d’une centaine de fleurs : œillets, glaïeuls, roses, jasmin, tulipes, pensées, pervenches, crocus, muguet, primevères, iris, violettes, soucis, lys, jasmin, pivoines, jacinthes, cyclamens, marguerites … La couleur des laines était d’origine locale : insectes, plantes, coquilles, utilisée de manière différente pour obtenir une gamme de couleurs très étendue.Bas du formulaire

 

Très recherchées en France et dans les Pays-Bas bourguignons, elles eurent d’abord un but utilitaire, protégeant les salles de l’humidité et du froid. En raison de leur taille et de la complexité de leurs dessins, elles nécessitaient de grands métiers à tisser requérant beaucoup de main d’œuvre et se sont rapidement imposées comme signes extérieurs de richesse nécessitant un investissement que seuls, les rois, nobles ou hommes d’église fortunés, pouvaient réaliser. Parmi les commanditaires les plus connus : Philippe le Bon dont la pièce armoriée faite à Bruxelles en 1466 est conservée au musée historique de Berne, Charles le Téméraire, Philippe II d’Espagne dont elles constituaient 40 % des sept-cent-une tapisseries inventoriées à sa mort.

Vers 1500, Bruxelles, Tournai et Bruges sont devenus les principaux centres de production, d’où la volonté politique de Colbert de couper la route à l’importation et de créer une manufacture située à mi-chemin entre la Flandre et Paris ; ce fut celle de Beauvais dont on célèbre cette année le trois cent cinquantième anniversaire de la création en 1664. A l’origine, elle fut conçue comme une entreprise privée mais dut sa survie aux commandes royales complétant celles de particuliers ; elle fournit durant les vingt premières années de son fonctionnement, deux cent cinquante-quatre tapisseries au Garde Meuble.

Le style a évolué avec le temps, les petites touffes florales du XVe siècle devenant de larges branchages à la Renaissance, mais il reste toujours très apprécié des amateurs de tapisseries et a toujours autant d’admirateurs au musée de Cluny à Paris.

 

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