Maraudes de la Croix-Rouge locale

Nous avons tous en tête l’appel de l’Abbé Pierre, à la radio, durant l’hiver 54. Nous sommes en 2024, soit soixante-dix ans plus tard et vous vous posez peut-être la question sur la situation actuelle des sans abri.

Nous sommes allés à la rencontre d’Anne-Claire Knysz, responsable des maraudes au sein de l’unité locale de la Croix-Rouge à Meulan.

Anne-Claire, comment êtes-vous arrivée à la Croix-Rouge et depuis combien de temps êtes-vous responsable des maraudes ?

Je suis arrivée à la Croix-Rouge par hasard, en allant aider à l’aide alimentaire, un mardi matin d’avril 2014. Quelque temps après j’ai discuté avec le responsable « maraudes » du moment, Jean-Pierre Gaillot, et j’ai débuté les maraudes en octobre 2014. Je n’ai plus arrêté depuis. J’ai été chef d’équipe en 2017 et responsable maraudes en mai 2023.

En quoi consiste votre mission, pourquoi appelle-t-on cela des maraudes ?

Notre mission est d’aller à la rencontre des personnes à la rue pour échanger oralement avec eux, leur apporter un peu de réconfort et les orienter vers des structures d’aides et d’accueil : épicerie solidaire ISA (insertion, solidarité, autonomie) aux Mureaux et boutique solidarité avec douches et cuisines DECLIC à Mantes.

Le terme maraude est assez explicite, non pas dans le sens de vols et larcins commis en maraudant, mais au sens des taxis qui roulaient lentement pour rechercher des clients. On disait d’eux qu’ils maraudaient. Par ailleurs, le terme « maraud » a pris, ces dernières années, le sens de « vagabond, mendiant ». Depuis, ce terme s’applique à notre mission de chercher des personnes à la rue pour leur venir en aide.

Pouvez-vous nous expliquer l’organisation et la planification des maraudes ?

Tout d’abord, il faut faire les courses financées par la Croix-Rouge de Meulan : café, thé, soupe, gâteaux, biscuits, sucre et poissons en conserve. Nous préparons aussi des thermos d’eau chaude et nous récupérons des « kits hygiène » pour femme ou pour homme ainsi que des couvertures auprès de la Croix-Rouge départementale et d’Emmaüs. Enfin, nous prenons des vêtements et chaussures, en fonction des saisons, reçus en don à la section locale.

J’envoie, le premier vendredi de chaque mois un planning avec les trois vendredis soir de maraudes de 20 h à minuit aux six chefs d’équipes et onze maraudeurs, comprenant six femmes et onze hommes. Chacun répond en donnant ses disponibilités. Je programme ensuite chaque maraude avec un chef d’équipe et deux maraudeurs, ce qui représente avec les bénévoles actuels, en moyenne, une maraude tous les deux mois. Toutefois, il nous arrive qu’on nous demande de mettre en place des maraudes supplémentaires.

De quels moyens disposez-vous ?

Nous disposons d’un local dans l’unité de Meulan où nous stockons ce dont nous avons besoin ; le camion rouge de la section locale est à notre disposition les soirées de maraudes. Avant de partir, nous appelons la « régulation » de la Croix-Rouge qui centralise les appels du 115 et nous envoie en mission dans tout le département selon les urgences. On réalise aussi des transports à la demande de la « régulation » pour emmener une personne dans un centre d’hébergement. Si la régulation n’a pas de mission particulière, nous nous rendons sur les lieux où nous avons l’habitude de rencontrer des sans-abris.

Chaque maraude fait l’objet d’un rapport que je remplis sur une application interne à l’unité locale qui sert également à la Croix-Rouge départementale et au 115.

Pour conclure,  que diriez-vous sur votre engagement ?

Depuis presque une dizaine d’années que je maraude, je dirais que parfois c’est difficile surtout lorsque des bébés et des enfants sont à la rue ; c’est pourquoi nous devons nous protéger et savoir prendre de la distance, mais apporter de l’humain aux autres est une mission enthousiasmante. Nous faisons aussi de belles rencontres et le regard de ceux qui nous témoignent leur gratitude nous va droit au cœur : nous donnons mais nous recevons beaucoup. Au fil des années, nous pouvons dire que toutes les tranches d’âge sont concernées de 2 à 70 ans ; les adultes ont pour la plupart subi une perte de travail, un divorce, des parents décédés. Nous rencontrons aussi de plus en plus de familles étrangères arrivées sur le sol français dans le plus grand dépouillement. Nous nous sentons utiles quelles que soient les situations.

Bien sûr, si certains veulent nous rejoindre, ils peuvent contacter l’unité locale de la Croix- Rouge au 01 34 74 93 45.

Yves Maretheu

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