Philippe Lecornu, peintre pastelliste vauxois

Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de vous présenter des peintres régionaux. Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’un d’entre eux, mais il ne fait pas vraiment comme les autres : il utilise une technique plutôt rare, le pastel. Je vous invite à découvrir l’univers de Philippe Lecornu …

 

Bonjour Philippe, merci de nous recevoir et de nous accorder un peu de votre temps. Le premier tableau aperçu en entrant, ce gorille au regard si expressif, est étonnant de vérité, comment atteignez-vous un tel réalisme ?

C’est le secret de la technique du pastel. La grande variété de tons et de types de crayons permet d’obtenir une palette très nuancée ; de cette façon, on arrive à reproduire toutes les couleurs souhaitées. De plus, à la possibilité de superposer les couleurs et de pratiquer l’estompage, on ajoute un doigt de patience et on obtient un tel résultat.

Pourquoi avoir choisi ce style de peinture peu employé par les peintres ?

C’est curieux que vous me posiez cette question ; en ce qui me concerne cette technique est venue très naturellement. Maintenant que j’y réfléchis, c’est peut-être simplement parce que j’aimais beaucoup dessiner et que justement le dessin a une grande importance dans le pastel ; c’est le point de départ de l’ouvrage. Dans le cas de la peinture à l’huile ou acrylique, le dessin a souvent moins d’importance ; on a même l’impression que parfois il rebute certains artistes. En plus, le pastel est très tactile ; on travaille beaucoup avec les mains et ça j’aime beaucoup. Enfin, c’est une technique qui demande relativement peu d’installation, le peintre peut travailler n’importe où et le matériel est assez simple.

Parlez-nous un peu de vos premiers pas, comment êtes-vous venu à la peinture ?

Déjà lorsque j’étais enfant, j’aimais dessiner, griffonner sur des feuilles de papier. Je reproduisais des arbres, des fleurs, des paysages ; j’avais déjà une profonde admiration pour la nature. C’est vrai aussi que la peinture était un des passe-temps de mon père, il aimait particulièrement la gouache et le dessin.

Vous avez donc fait des études d’art ?

Ah non, pas du tout ! A mon adolescence, le sport a largement pris le dessus sur le dessin et la peinture. J’ai pratiqué pendant ma jeunesse le sport de haut niveau ; je faisais du saut à la perche au Racing Club de France. J’avais à cette époque un entraîneur renommé, Jean-Claude Perrin, celui-là même qui a mené de nombreux athlètes sur les podiums des compétitions les plus prestigieuses. Je me suis donc complètement investi dans ce sport très exigeant. Je n’ai toutefois pas complètement abandonné le dessin puisque par la suite j’ai fait des études de … dessin industriel.

Mais alors la peinture, le pastel, vous avez démarré à quelle époque ?

Pendant toutes les années durant lesquelles j’ai travaillé, je n’avais que très peu de temps pour la peinture ; je l’ai donc un peu laissée de côté, même s’il m’arrivait de temps à autre de dessiner.

Il faut dire que j’étais bien occupé. J’avais un travail qui me prenait beaucoup de temps et, avec quatre enfants, les journées étaient bien remplies. Et puis après l’athlétisme, je me suis mis au rugby, un sport qui m’a aussi beaucoup apporté. Comme vous le voyez, il ne me restait que peu de temps pour la peinture ! Ce n’est que lorsque j’ai pris ma retraite en 2011 que j’ai retrouvé du temps pour moi et ai eu envie de retrouver ce qui était ma passion d’enfant.

Alors vous avez suivi des cours ?

Non pas vraiment, je me suis inscrit à l’atelier de Françoise David-Leroy, une artiste peintre vauxoise réputée. J’y ai passé deux ans mais ai eu ensuite le besoin de me retrouver seul pour travailler. Pour compléter mon apprentissage, je consulte souvent des revues d’art ; j’y apprends beaucoup.

Vous parlez d’un atelier à Vaux, vous habitiez donc déjà Vaux ?

Oui, nous y résidons depuis 1990 ; après des années passées en ville, nous avions besoin de calme et de nature et c’est ce que nous apprécions ici. Nous avons fait l’acquisition de cette maison, être au milieu des bois et à peine à 40 km de Paris, c’est formidable, non ? Il n’est pas rare de croiser des sangliers, des chevreuils ou bien simplement un écureuil ; c’est vraiment ce que nous recherchions et cet environnement est aussi très propice à la peinture. Depuis cet intermède en atelier, je peins donc ici dans ce bel endroit…

Quels sont vos sujets, avez-vous des thèmes favoris ?

Ah, le choix du sujet, c’est une chose très délicate et difficile. Pour en avoir déjà discuté avec eux, même des peintres confirmés ont du mal à trouver le sujet. Pour ma part, c’est souvent le résultat d’une émotion, une sorte de coup de cœur, qui va déclencher l’envie de réaliser une toile. Mais il faut quand même dire que j’ai un penchant pour les animaux ; j’en ai reproduit plusieurs, du gorille que vous avez pu voir dans l’entrée jusqu’au dindon, en passant par la grue couronnée ; c’est vraiment un de mes thèmes favoris. J’ai aussi beaucoup travaillé autour des paysages de la Savoie. Nous y avons de la famille et souvent l’occasion d’y faire des séjours ; en plus, c’est une région qui se prête bien à la peinture. J’aime bien choisir un sujet proche de mon environnement ; je trouve que le fait qu’il soit personnel ajoute quelque chose, ça rend la toile plus gratifiante. Dans tous les cas, comme je le disais, c’est toujours une question de passion, un sentiment qui m’a animé toute ma vie, je ne peux rien réaliser sans elle. Pour en revenir au choix du sujet, je voudrais ajouter que la période qui précède la réalisation est pour moi très importante. Je réfléchis longtemps, aussi lorsque je me lance, je peins, je peins…

Comment et où peignez-vous ?

Je travaille à partir de photos personnelles ou de mon proche entourage. La plupart des tableaux représentant des animaux et que vous voyez exposés ont été réalisés à partir de clichés pris au zoo de Thoiry ; il n’y a pas besoin de faire de longs voyages…

Après avoir peint, je laisse longtemps le tableau sur le chevalet ; j’y reviens de temps à autre ajouter ou retoucher un petit détail, modifier telle couleur, c’est un travail de longue haleine et de patience.

Vous avez réalisé beaucoup de tableaux, qu’en faites-vous une fois qu’ils sont terminés, vous les vendez, les donnez, … ?

Cela dépend du contexte, il m’arrive d’en offrir, surtout à mon entourage, d’en vendre aussi, mais plus rarement, j’ai du mal à me séparer de mes toiles. En tout cas, je ne les laisse pas dans un carton ! Pour moi une toile est faite pour être montrée, je la peins pour qu’elle soit exposée ; c’est aussi pour cette raison que je pense qu’elle doit être belle, agréable à regarder, faire plaisir à ceux qui vont la contempler quotidiennement, pour moi c’est vraiment essentiel !

Est-ce qu’il y un endroit où l’on peut voir vos toiles ?

J’ai déjà eu le plaisir d’exposer une dizaine de fois, en particulier à Meulan, à la maison Berson, un très bel endroit dans lequel mes toiles ont été présentées pendant deux mois et je viens tout juste d’exposer à Fourges dans le Vexin voisin, les 21 et 22 octobre. J’ai été aussi l’invité d’honneur d’une exposition à Vernouillet organisée par l’association des Peintres de la Vallée de la Seine et j’ai reçu à Triel le 1er prix du jury et celui des visiteurs. Si vos lecteurs sont curieux, ils peuvent aussi aller sur « Instagram » j’y ai un site(1) sur lequel sont présentées soixante quatorze toiles de genres différents ; elles sont un bel échantillon de mon travail. J’apprécie cette façon de proposer mes tableaux à tous. Cela permet de recevoir les commentaires des visiteurs avec lesquels je peux échanger.

Nous arrivons au bout de notre entretien, est-ce que vous pouvez nous parler de vos projets ?

Je me suis mis à la peinture acrylique ce qui me permet de sortir de ma zone de confort et de me diversifier. Ensuite à court terme, je vais participer à l’exposition « Ombres et Lumières » à Achères ; elle aura lieu fin novembre. En ce qui concerne mes peintures, lors de mon récent voyage en Ardèche, j’ai eu l’occasion de prendre le petit train vapeur qui traverse les gorges et j’ai eu le coup de foudre pour une locomotive… C’est certain, une de mes prochaines toiles aura cette superbe machine comme sujet.

Merci beaucoup Philippe, je pense que nos lecteurs ont apprécié votre enthousiasme et votre passion pour le pastel, une technique moins pratiquée mais qui donne des résultats magnifiques. Nous notons le rendez-vous et serons là pour admirer la machine à vapeur.

 

Propos recueillis par Jannick Denouël

 

  • Sur Instagram : philippe_pastelliste

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